U n verre d'alcool. La vie résidait en ce simple geste de sentir le fluide couler au fond de sa gorge. Le bruit des verres qui s'entrechoquaient alors que la tablée se laissait aller à des crises de rires ininterrompus. Rituel hebdomadaire. Rituel qui ne se terminait jamais. La vie d'étudiant. Quelle simplicité! S'attabler tous ensemble et rire, boire, fumer jusqu'au lever du jour suivant. Schéma qui se répétait inlassablement et Timothy faisait toujours partie du décor. Dans l'ombre. Adossé au mur, à l'écart des rires les plus fous, le jeune blond se contentait de sourire cigarette au bec. Toujours ainsi. Il était là sans l'être, il participait à la crise de rébellion de la jeunesse sans en être l'instigateur. On essayait de le comprendre mais jamais on arrivait à le saisir. Crawley dans toute sa splendeur. Certaines âmes s'y risquaient et finissaient toujours déçus devant son silence d'or ou son regard profond et torturé. Il ne parlait que pour dire des paroles qui comptaient vraiment. Jamais de paroles en l'air, jamais de discours idiots si ce n'était pas nécessaire. Timothy s'économisait pour la bonne cause: curieux, affamé de sentir la vie autour de lui, il se nourrissait des animations alentour pour développer son aura de journaliste. Il se serait des autres en somme pour accomplir sa destinée. Alors, oui, la simplicité résidait dans l'écoute sans s'arrêter des idioties que ses camarades pouvaient débiter à la ronde. Ne jamais se mouiller. Ne jamais crier. Juste rester silencieux à l'écart, être respecté par la communauté mais ne jamais créer d'esclandres lorsque ce n'était pas un passage obligatoire. Ce soir, c'était forcément une étape primordiale. La raison? La présence de Raphaël dans les parages. Amitié étrange, amitié lié à la folie. Ce qu'ils aimaient par dessus tout? Les défis. Jouer avec le feu. Aller au delà des limites du raisonnable. Et il fallait avouer que Timothy aimait la compétition. Il n'y avait que dans ces moments là que son esprit s'animait réellement. Et lorsqu'il croisa le regard de son ami à l'autre coin de la salle, Tim sut instantanément qu'ils allaient créer la folie. La véritable folie. Incontrôlable. Foule délirante. Les paris les plus fous. C'était toujours ainsi lorsque se mêlaient les relents d'alcool, de drogue et leur cerveau machiavélique. Tim' hocha la tête distinctement en direction du brun alors qu'il levait son verre sans plus de cérémonies. L'étudiant finit par se diriger de sa démarche chaloupée vers le jeune artiste. Vers la folie la plus macabre. La nuit serait longue, les conséquences certainement désastreuses mais ils s'amuseraient jusqu'au petit matin, tant pis pour le public le plus prude, pour les gens les plus sages. Plus de limite. Arrivé à sa hauteur, Tim se contenta de poser son regard sur la foule du bar, sans croiser celui de l'homme à ses côtés. Il but une gorgée de son alcool avant de couper court au silence annonciateur de la suite, et quelle suite... Ce sera quoi ce soir? Plus délirant que la dernière fois, je suppose.. A qui on fait peur? Avec qui on joue? Il n'y a que comme ça que les soirées deviennent excellentes... Sourire au coin des lèvres alors que le blond captait le regard de Raphaël. Les paris étaient lancés, le jeu entrait en piste. Il y aurait de la testostérone, du sang, des sensations de fin du monde. Rien ne les effrayait. Rien n'était plus beau que ce que Tim pouvait ressentir lorsqu'il repoussait ses limites au maximum. Jusqu'où il serait amené à jouer ce soir? Il n'était qu'impatient de le voir...

D es milliards de façons différentes de s'amuser. Des milliards. Mais parfois, certains individus épousaient la provocation. L'embrassaient avec envie et délectation. Et la jeunesse en raffolait la plupart du temps. Jouer avec les frontières du raisonnable, en faire les contours pour finalement repousser les barrières. Avec une facilité déconcertante. Les regrets disparaissant au profit du plaisir le plus vicieux. La jeunesse dans tous ses états. Timothy le roi du fun. Et à chaque fois qu'on le voyait au détour d'un bar ou d'une salle animée, on savait qu'il y avait une ombre de débauche qui circulait. Parce qu'il s'épanouissait dans l'interdit, dans le plus vil chez ses alter ego. Il était tout ou bien rien. Le roi ou l'invisible. Le nirvana ou l'enfer le plus tortueux. Pas besoin de consensus. Pas besoin de grand discours. Pas besoin de se confronter à la morale. Tim savait parfaitement où il mettait les pieds lorsqu'il passait les portes d'un bar ou d'un club. Il avait conscience de ce qu'il ferait et surtout qui il rencontrerait. Ce cher Raphaël était toujours dans les parages lorsque l'humeur de notre journaliste s'y prêtait. Et lorsqu'il avait atterri aux côtés du ténébreux, TJ ne tenta même pas de lui donner des nouvelles ou de lui en demander. Ce n'était pas de la sorte que cela fonctionnait. Il n'y avait aucun conformisme dans cette amitié ô combien embarrassante lorsqu'elle était étalée à la lumière du jour et confrontée à la sobriété la plus affriolante. Et en effet, pas de place pour le sentimentalisme. Les paris étaient déjà lancés alors que les verres n'étaient pas encore sur le tapis. Il n'y eut pas des heures à attendre pour autant puisque l'odeur de tequila et de citron se fit sentir rapidement. Le sourire de Timothy s'élargit alors que les paroles de Lorenzo arrivèrent jusqu'à ses oreilles. Il avait déjà envie de mettre le feu? Déjà envie de créer une émeute? Ainsi soit-il. Il valait mieux commencer le plus tôt possible de toute manière vu qu'il avait déjà enchaîné quelques verres avant de se diriger vers le brun. On va dire que c'est l'échauffement alors. Mais t'en fais pas va, tu sais pertinemment que les paris sont déjà sur la table. Je garde ton défi bien au chaud lorsqu'on aura réglé la mise en bouche! Sourire décidé alors que Tim terminait son verre en une gorgée. C'était toujours ainsi quand l'heure du grand jeu était sorti. Le blond ne lança même pas un regard vers son compagnon de route alors qu'il repérait en un clin d'oeil la proie désirée. Le jeu serait aisé. Tim le savait. Sa réputation le précédait et le brin de mystère qui l'entourait finissait toujours par remporter la bataille sur l'appréhension des moins téméraires. Raphaël avait préparé leur coin de paradis et Crawley aborda la jeune brune avec une aisance déconcertante. Baratiner, c'était si simple lorsqu'on était jeune, alcoolisé et au beau milieu d'un challenge d'une importance capitale. Ce que Timothy invoquait à cette jolie plante? Un service rendu à l'humanité. Ou comment transformer une soirée d'un mortel ennui en une orgie sans nom. Ses arguments semblaient avoir du poids tout d'un coup alors que l'inconnue regardait autour d'elle, à la recherche d'une de ses plus fidèles acolytes. Le sourire de Tim ne s'évanouit pas lorsque celle-ci s'écarta de lui pour dire deux ou trois mots à l'oreille de sa camarade. Quelques secondes plus tard, ce fut des rires hystériques qui résonnèrent à l'oreille de l'étudiant en journalisme: bien évidemment, les jeunes femmes n'avaient pas résisté à la tentation de passer un moment avec deux hommes et une bouteille de téquila. Deux secondes plus tard, Tim était de retour aux côtés de son ami, les femmes à son bras. Ils allaient définitivement aller loin ce soir. Mon cher.. La suite, il me semble que c'est du gâteau. Tu participes j'espère?! A moins que ta fiancée désapprouve.. T'as toujours le droit d'arrêter le jeu, ce ne serait qu'une défaite parmi tant d'autres... Une ironie non feinte sur le visage, Tim se détourna vers la jeune femme qu'il avait accosté un peu plus tôt. Il n'avait pas eu besoin de lui donner la moindre instruction d'ailleurs et c'est avec un plaisir non dissimulé que le jeune homme lécha le sel à même le ventre de sa victime avant d'avaler le shot de tequila non sans une grimace et mordre avidement dans le citron. Fort. Trop fort mais un pari était un pari. Timothy finit par tendre un verre à Raphaël, sa grimace toujours présente. Tu joues là dessus? Surenchère peut être... Cap' alors mon Raphiki de... disons... te faire passer pour un transsexuel auprès d'un groupe d'inconnus? Et le sourire de Tim s'élargit alors qu'il attrapa par la taille sa victime de tantôt, son regard planté obstinément dans celui de Raphaël. Les choses allaient clairement se compliquer, pour chacun d'entre eux...

I l y avait de multiples manières de s'amuser, bien trop de façons d'ailleurs. La jeunesse d'aujourd'hui aimait dépasser les limites et clairement emmerder autrui. Aussi étrange que cela pouvait paraître, Tim était amplement capable de faire partie de cette catégorie. Le misérable blond cachait bien son jeu: sourire angélique, oui, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Après tout, il n'insultait jamais personne, se battait que lorsque c'était vraiment nécessaire, il aimait juste les défis. Et là, ce soir là, il était dans son élément. L'ambiance qu'il adorait tournait dans le club et l'étudiant ne faisait clairement pas attention aux usages et aux règlements qui avaient été construits pour éviter ce genre de débordements. Et puis lesquels d'abord? Il avait fait bien pire que cela en présence de Raphaël. On les prenait pour des dingues, peut être qu'ils l'étaient, c'est vrai mais ils profitaient. Timothy n'avait de comptes à rendre à personne, sauf à sa conscience. Et lorsqu'il s'agissait de paris, sa conscience ne voyait que cela. Plus que cela. Alors tant pis pour les conséquences. Tant pis s'ils finissaient par se faire tabasser ou virer de la boîte, au moins, il y aurait des souvenirs mémorables à partager pour les années à venir. Et TJ était quasi certain que cette amitié pour le moins unique avec l'artiste allait continuer encore pas mal de temps. Encore un mystère de plus étant donné leurs différences. Mais sur le moment, tout cela n'avait strictement pas d'importance. Il fallait avouer que les shots de tequila avaient sonné le début des festivités. Et les deux jeunes femmes avaient servi d'apéritif. Mais rien n'avait commencé. Rien du tout. Et cela Crawley en avait conscience, il finissait toujours dans des situations improbables, complètement stone mais c'était ainsi que les choses devaient arriver. Il était là l'extase. Dans l'inconnu. Dans les verres d'alcool et le fait de ne pas être certains de pouvoir se remémorer ses faits et gestes de la soirée. Une vraie partie de plaisir. Alors quand Raphaël s'amusa à son tour avec la tequila, le sel et la tranche de citron, Tim ne put s'empêcher de faire ressortir son sourire, digne d'un grand maître. Le commencement. Annonciateur d'une sacrée débauche assurément. Et en effet, cela l'était. Le blond lança le prochain défi avec un enthousiasme à peine dissimulé. Bien évidemment, il n'y eut pas de contestations de son ami. Il était parti remplir sa part du marché, sur les chapeaux de roue. Et ce cher Crawley l'observait du coin de l'oeil alors qu'une des deux jeunes femmes s'entichaient de lui murmurer des paroles inaudibles dans l'oreille. Tim n'y prêta pas attention, il était bien trop concentré sur la performance du grand Raphiki. Et il fallait avouer qu'il avait un talent certain dans la comédie, à moins qu'il ne soit excellent pour garder ses secrets. Dans tous les cas, Timothy ne put s'empêcher un éclat de rire lorsque le pauvre innocent se fit gifler sans plus de cérémonie. Du grand art. A l'état pur. Et alors que Raphaël se dirigeait de nouveau vers la table, le sourire de Tim ne s'effaçait pas. Mystérieux. Animé. Enthousiaste. Et sacrément nerveux pour la suite. Sans qu'il n'en montre une once bien sûr. La remarque du brun ne fit que rajouter une couche. Tim croisa les bras, contemplant l'air victorieux de son ami alors qu'il terminait le show rien que pour lui. Impressionnant, il fallait l'avouer. Et les deux jeunes femmes qui les accompagnaient quelques secondes plus tôt avaient mieux fait de tourner les talons, prenant un peu peur de la dégaine du grand Raphiki. Du génie. Tu m'épates. T'es sûr que t'as pas déjà été l'un d'eux? Je t'avoue que c'était très sympa comme spectacle. Et on n'est même pas encore rendus à l'entracte. Ca promet! Et alors que Tim buvait une autre gorgée de son alcool, le prochain pari était lancé. Et celui-là était dangereux. Très dangereux. Mais pas impossible. Rien n'était impossible de toue manière, surtout pas quand il s'agissait de ce genre de soirées. Le summum de la folie. Encore une fois. Hors de question de lâcher l'affaire. Timothy reposa le verre sur la table derrière lui et lança un sourire magistral à son camarade. Pas besoin d'en dire plus. Il y allait de bon coeur, se préparant toutefois à courir vite. Très vite. Ses jambes s'actionnèrent pour se diriger vers la masse de muscles qui ne bougeait pas d'un cil près de la porte. Timothy déglutit difficilement tout d'un coup. A quoi bon jouer au gros dur quand on savait que le jeu allait être clairement difficile cette fois ci? Arrivé à quelques mètres de sa destination, Tim profita d'une commande de champagne pour usurper le seau rempli de glaçons. C'était parti. Et il s'arrêta face au géant, se sentant clairement inférieur mais pas vaincu. Pas la peine d'en faire tout un plat vieux mais faut avouer que, malgré ta manière caractéristique de rester immobile pendant des heures et des heures, t'es quand même vachement attirant. Et jouer la carte de la rapidité avant de finir encastrer dans le mur. Et une main par ci, une main par là alors que le blond croisait le regard du videur qui était clairement en train de changer. La tempête n'était pas loin. Avec un sourire charmeur, le journaliste en herbe réussit à trouver la brèche pour l'opération glaçons. Mais cette fois, il était clairement le temps de filer. Et très vite. Ce cher Timothy réussit à se frayer un chemin à travers la foule avant de sortir en trombe par la porte arrière. La cour des fumeurs. Et alors qu'il s'était trouvé une cachette de choix, le malheureux videur, penaud se rendit bien compte qu'il avait quitté son poste et détala aussi vite que possible. Enfin Tim respirait de nouveau alors qu'il faisait le chemin inverse pour rejoindre Raphaël, le souffle court et les cheveux en bataille. Mais avec un sourire victorieux. Là, t'as vraiment abusé mon cher. J'ai pris de sacrés risques.. J'ai joué ma vie sur ce coup là mais l'adrénaline.. Ouais, ça valait le coup! Tes idées, mon grand Raphiki, c'est vraiment du tordu. Alors... Pour toi.. A ton tour de risquer l'exclusion tiens. Trouve le moyen d'échanger tes fringues avec quelqu'un avec un style complètement déluré. Bien sûr, tu dois nous faire ça sur la piste et pas caché dans un coin. Histoire qu'on ait des témoins.. Des centaines.. Et un nouveau sourire alors qu'il buvait cul sec la fin de sa verre, toujours aussi exténué. Cette soirée allait certainement finir dans un bain de sang. Mais, c'était le meilleur moment. La perfection même. L'osmose.

J'avais pas vue que tu avais répondu milles excuuuuuuuuuuuuse ! Je te réponds dès que je peux !!!

U.C