When the curiosity override the reason...

Matthew & Holly

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En ce début d’année civile, Holly était relativement prise par ses cours, comme presque toujours me direz-vous ! Mais bon, en ce moment, elle devait jongler entre ses révisions pour les partiels qui arrivaient, ses cours à suivre de façon régulière, mais aussi ses journées de stage à l’hôpital ! Entre tout ça et ses problèmes personnels et familiaux, Holly n’avait pas beaucoup de temps pour elle ! En bref, elle était, comme à son habitude, débordée mais elle n’y laissait rien paraître, ou tout du moins, elle essayait !
Toutefois, bien qu’elle soit très occupée, la jeune femme arrivait toujours à trouver un peu de temps pour se poser, décompresser et lire un bon bouquin. En effet, malgré son attrait pour la médecine et le parcours exemplaire de ses parents, Holly aimait également beaucoup la littérature. Plus jeune elle avait d’ailleurs hésité longuement à s’orienter dans cette voix mais elle savait que si elle choisissait celle-ci, elle décevrait un minimum ses parents et ça, elle n’avait pas pu s’y résoudre et avait donc finalement opté pour la médecine qui, fort heureusement, la passionnait tout autant !
Mais Holly se demandait quand même, de temps en temps, à quoi aurait pu ressembler sa vie si elle avait fait des choix totalement différents de ceux avec lesquels elle vivait actuellement, se prenant même quelques fois à s’imaginer une autre vie future avec une carrière différente de celle à laquelle elle se destinait. Qui plus est, Holly avait toujours été très douée dans les matières littéraires et il lui arrivait parfois de regretter de ne plus avoir de cours de ce genre à la faculté. Mais en même temps, pourquoi voudriez-vous qu’une étudiante lambda en quatrième année de médecine suive des cours de littérature ? Certes, il y avait bien des options mais avec le rythme des études de médecine, Holly ne se voyait pas devoir bûcher encore davantage des matières qu’elle n’avait pas eu depuis des années ! Elle se contentait donc de passer devant les amphis et d’y laisser traîner ses oreilles de temps à autre. Plus d’une fois elle avait failli rentrer lorsqu’elle avait une heure de libre, mais à chaque fois elle s’était ravisée à la dernière minute se disant qu’il valait mieux pour elle aller travailler une heure ou deux à la bibliothèque…

Aujourd’hui cependant, Holly avait envie, besoin surtout de se changer les idées ! Elle avait la tête pleine de ses révisions et avec sa récente convocation au commissariat, elle avait vraiment besoin de voir des choses complètement différentes de son quotidien, histoire de « prendre l’air » si tant est que l’on puisse prendre l’air dans un cours quel qu’il soit !
Aussi, lorsque, comme à son habitude, elle était passé devant un amphi où se déroulait un cours de littérature, l’envie l’avait prise d’aller y assister ! Elle s’était arrêté, avait regardé par le hublot et avait observé les étudiants, assis sagement à écouter un jeune prof qu’elle ne connaissait pas. D’où elle était, elle n’écoutait absolument rien et se contentait de regarder et lire les diapositives du diaporama du cours du prof.
De par son côté discrète, elle avait toutefois préférée attendre la fin de ce cours et le début du suivant pour entrer dans l’amphi afin de ne pas le perturber et surtout, ne pas se faire remarquer.
Aussi, lorsqu’elle vit les jeunes étudiants se lever et se diriger vers la sortie, elle se décala vers le côté attendant l’évacuation de tous de l’amphi. A peine la poignée de jeunes gens sortis, une nouvelle vague arriva et entra prenant à leur tour possession de la salle le temps d’une heure ou deux de cours. Holly en profita pour se glisser parmi la masse et alla s’installer vers le fond de l’amphi afin de ne pas se faire remarquer.
Elle s’était installée derrière une ligne de jeunes filles qui ne se préoccupaient pas trop d’elle. Il était en effet courant à la fac de ne pas connaître toutes les têtes et personne ne fut choquée par le visage d’Holly. Certains l’avaient déjà certainement croisée dans la fac et n’iraient pas chercher plus loin.
Holly observa discrètement les jeunes gens qui l’entouraient. Ils semblaient quelque peu plus jeunes qu’elle. A vue d’œil, elle se dit qu’il devait s’agir d’une classe de deuxième année… Mais cela ne dérangeait en rien la jeune femme qui, de toute façon, voulait juste assister à un cours pour se changer les idées…  

Le prof fit alors son apparition par le bas de l’amphi et salua l’assemblée. Il commença alors son cours normalement en reprenant là où il semblait l’avoir arrêté la dernière fois.
Holly commença à prendre quelques notes, absorbant chaque parole de l’enseignant. Le cours était totalement différent de ceux auxquels elle avait l’habitude d’assister mais cela ne la perturbait en rien. Bien que n’ayant pas suivi le cours précédent, elle semblait à l’aise et se retint même de participer lorsque le prof interrogea des étudiants.
Elle continua ainsi d’écouter le cours, prenant des notes de temps à autres, mais restant le plus souvent le regard fixé sur le tableau et l’enseignant qui récitait son cours.

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Holly s’était faite la plus petite possible lorsque le cours avait commence. Elle avait patiemment écouté le prof qui, visiblement, semblait être apprécié de ses étudiants. Il abordait effectivement, juste pour leur faire plaisir, un thème qui n’était pas au programme. Ils devaient avoir de l’avance sur le dit programme pour pouvoir se permettre ça, il est clair qu’en médecine, une telle parenthèse n’était guère possible ! Déjà que pour revenir sur une notion mal comprise par l’ensemble de la classe, il fallait batailler bec et ongles… Alors étudier quelque chose qui n’était pas prévu ? Pas question !
Holly sourit toutefois face à la proposition du prof : un cours entier sur la littérature d’épouvante ! Certes, elle n’en lisait pas spécialement, mais elle trouvait qu’il y avait matière à exploiter et à faire un cours des plus intéressants qui plus est. Elle suivit donc le cours tout en restant la plus discrète possible, passionnée par ce que le prof leur racontait.

Puis, au bout d’un certain temps, il leur proposa d’écrire un texte à leur tour et certains pourraient même lire ce qu’ils avaient écrits. Holly se prêta à l’exercice avec plaisir, elle qui adorait écrire, elle était servie ! En revanche, une chose était claire pour elle : elle garderait son texte pour elle ! Pas question de le lire en public ni de le laisser au prof comme il le leur avait demandé ! De toute façon, elle ne comptait pas parmi ses étudiantes, donc un texte de plus ou de moins, il ne verrait pas la différence !
Elle se mit alors à écrire son propre texte d’épouvante. Elle réfléchit quelques instants avant de prendre une feuille et un crayon. Que pouvait-elle bien écrire ? Elle se mit alors à décrire une jeune femme qui marchait seule dans la rue en pleine nuit, rentrant du travail, avec une très désagréable impression d’être suivie. Elle décrivit dans le détail les sentiments que pouvait éprouver cette jeune femme jusqu’à la découverte de son suiveur : un rôdeur aux premiers abords, mais qui se retrouvait être un jeune homme plutôt séduisant ! Elle allait continuer son récit lorsqu’elle fut interrompue par quelques étudiants qui avaient visiblement terminés. Ils ne la dérangeaient pas en soit mais lorsqu’ils s’étaient levés pour se diriger vers la sortie comme le prof le leur avait autorisé, cela attira l’attention de la jeune femme. Elle les regarda passer près d’elle quelques instants puis reporta son attention sur sa copie. Elle s’apprêtait à reprendre son récit là où elle l’avait arrêté, bien qu’elle avait du mal à se contenter d’un petit paragraphe. Elle aimait lire et écrire et ça se voyait. Elle était déjà arrivée à plus de la moitié d’une page alors qu’elle n’avait encore pas révélé la véritable identité du rodeur mais elle n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage. En effet, le professeur vint s’installer auprès d’elle et lui demanda de façon rhétorique si elle appartenait ou non à son cours. Elle releva la tête, le regarda, quelque peu gênée de s’être faite remarquer aussi vite et lui répondit timidement : « Non, effectivement… Je suis désolée, j’espère que ça ne vous dérange pas… Je voulais voir ce que ça donnait un cours de littérature… »
Il ne semblait pas spécialement contrarié mais Holly n’aimait pas trop être remarquée et encore moins être au centre de l’attention de tous. Avant qu’elle n’ait pu retrouver ses esprits, le prof était assis à ses côtés et lui demandait s’il pouvait lire ce qu’elle avait écrit. Elle qui comptait garder ses écrits pour elle, c’était raté et en beauté ! Elle ne se voyait pas lui refuser, il restait un professeur malgré tout, certes pas le sien mais un prof de tout de même, et elle n’était qu’une simple étudiante… Elle rougit alors tout aussi timidement et se contenta de répondre à voix basse : « Je… Je n’ai pas terminé en fait… » Elle regarda sa copie, déjà pourtant bien entamée et reprit : « Je sais que vous n’aviez dit pas plus d’une demi-page mais… je me suis laissé emporté ! »

Elle releva la tête, le regardant et attendant sa "sentence" comme un condamné à mort. Cela pouvait paraître ridicule mais ce n’était pas du genre de Holly de se mettre dans de telles situations et elle en venait à regretter de s’être installée ici…
Le professeur la regardait et observait les étudiants qui allaient et venaient, tout en se massant la tempe. Holly reprit alors un peu de contenance, ses études de médecine reprenant quelque peu le dessus et l’observa alors discrètement, elle voulait lui demander s’il allait bien mais elle se ravisa. Il devait simplement avoir mal de tête comme la plupart des gens après tout… Il ne fallait pas voir le mal partout !

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Alors que Holly pensait que le professeur allait gentiment lui faire la morale, lui rappelant les règles qu’il avait énoncé quelques minutes plus tôt, elle fut surprise de l’entendre la féliciter. Elle aimait écrire et avait toujours passé beaucoup de temps enfermée dans sa chambre à bouquiner des dizaines et des dizaines de livres issus de la bibliothèque familiale, mais également à écrire par ci, par là, quelques bribes de textes ! Ca allait des poèmes enfantins quand elle était âgée de 8 ans, jusqu’aux textes plus poussés, plus matures qu’elle avait écrit ces dernières années, se livrant d’avantage dans ses écrits. C’était d’ailleurs pour elle, la seule façon d’arriver à mêler sa vie d’étudiante et familiale tout en cachant à ses sœurs ce secret qui l’a rongeait.
Elle sourit en guise de remerciement, ne sachant que trop répondre au vue des circonstances. Elle n’était pas habituée à faire lire ses textes et encore moins à un parfait inconnu, aussi qualifié de par sa condition de professeur soit-il. Qui plus est, ce texte avait été écrit à la va-vite pour la plus grande partie. Certes, elle s’était appliquée un minimum, réfléchissant aux mots les plus justes pour décrire son personnage ; mais en temps normal, elle mettait des heures à réfléchir à ce qu’elle voulait vraiment écrire, la façon dont elle voulait dévoiler ou non les choses, les détails qu’elle pouvait apporter, etc… Aussi, se contenta-t-elle d’un simple « Merci, je ne pensais vraiment pas que vous auriez trouvé ça… intéressant ! »

Avant qu’il n’ait pu lui poser une autre question, Holly le vit porter à nouveau la main à sa tempe et tousser par la suite. C’était peut-être plus qu’un simple mal de tête finalement ! Une nouvelle fois, ses réflexes d’étudiante en médecine refirent surface. Elle se voyait déjà lui poser des questions basiques pour lui donner un diagnostic correct. Même s’il s’agissait d’une simple bronchite, angine, ou autre maladie que l’on trouve quotidiennement dans les foyers, Holly adorait se rendre utile et pour elle, établir un bon diagnostic, même simple, la satisfaisait. Alors qu’elle réfléchissait à une façon correcte de lui poser une quelconque question, il lui tendit une perche, sans le savoir, en lui demandant dans quel domaine elle étudiait. « Eh bien en fait, je suis en quatrième année de médecine générale… D’ailleurs, je… je ne voudrai pas paraître indiscrète mais vous m’avez l’air un peu malade. Vous voulez qu’une fois le cours terminé je vous ausculte rapidement ? Je pourrai peut-être vous conseiller quelques médicaments pour vous remettre sur pied ? »
Elle avait hésité avant de le lui demander mais elle ne pensait pas à mal en tout cas, elle voulait juste, comme souvent, rendre service. Il allait la prendre pour une folle en mal de patients si ça continuait ! Afin de ne pas trop le mettre mal à l’aise, elle reprit alors leur discussion initiale : « Pour tout vous dire, c’est la curiosité qui m’a poussé à entrer ! Je passe souvent devant votre cours et je me suis toujours demandé ce que c’était qu’un vrai cours de littérature ! Il faut dire qu’au vue des études que j’ai choisie, je suis à mille lieux de pouvoir assister à des cours similaires ! Et puis… J’ai toujours aimé la littérature. J’ai failli m’orienter dans cette voie et finalement, j’ai suivi le chemin familial comme on dit… » Elle lui sourit, gênée. Elle se laissait complètement emporter ! Cela ne lui ressemblait décidément pas ! Elle si discrète habituellement, était presque parti dans un mini-monologue racontant sa vie !

Il enchaina alors en l’encourageant à assister à ses cours, la poussant même à le prendre en option. Il tenait même à lire la fin de son texte ! Holly était complètement décontenancée ! Elle n’avait jamais envisagé les choses sous cet angle ! Initialement, elle ne cherchait qu’à assouvir sa curiosité, observer et assister à un cours totalement différents des sentiers battus… En aucun cas, elle ne se serait vue avoir une discussion avec le professeur en question ! Visiblement, les relations entre professeur et étudiants étaient totalement différents de sa filière d’origine. En effet, d’une part on aurait jamais vu un élève assister à un cours supplémentaire en médecine, en tout cas, pas dans ces conditions. D’autre part, les professeurs avaient cette fâcheuse habitude de prendre leurs étudiants de haut. Aucune proximité n’existait entre les deux en tout cas. Certes, il leur arrivait de tutoyer les plus anciens – c’est d’ailleurs pour cette raison que Holly ne fut qu’à moitié surprise lorsque le professeur le fit à son égard – mais jamais ils n’encourageaient de la sorte les futurs médecins…
« Ne vous inquiétez pas, ça ne me dérange absolument pas ! Vous restez un professeur après tout, et même si dans mes cours, ça n’arrive presque jamais, au lycée, tout le monde nous tutoie après tout ! » Elle avait d’abord préféré réagir sur ces derniers propos, réfléchissant encore à la proposition qu’il lui avait faite. Elle ne savait que trop lui répondre, se posant elle-même tout un tas de question sur l’instant. Elle finit toutefois par reprendre : « Eh bien… Je vous avoue que je ne sais pas trop… Avec mes cours et mes stages à l’hôpital, j’ai un emploi du temps assez chargé en général… Là, c’est exceptionnel, on est en période de partiels donc on a un peu plus de temps mais après… J’adorerai suivre vos cours sans aucun doute ! Mais de là à prendre la matière en option… Je ne sais pas si j’aurai le temps de la travailler assez pour les examens… »
Il était effectivement évident que Holly, dès ce premier cours, avait été séduite par la matière, mais les étudiants en médecine restent très débordés en règle générale… Et Holly n’était pas du genre à délaisser une matière au profit d’une autre, ni à s’engager dans le vent…

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Holly était encore étonnée, voire presque gênée, des encouragements que lui avait faits le professeur suite à la lecture de son texte. Elle était certes une bonne élève mais elle n’avait pas l’habitude qu’on la remarque outre mesure ou qu’on la félicite de cette façon. Toutefois, le professeur lui assura une nouvelle fois, que pour un début, c’était prometteur. Elle releva la tête à nouveau et lui répondit en souriant : « Eh bien… Si vous êtes d’accord, je vais remettre un peu de propre dans tout ça, le terminer et peaufiner quelques détails… Je pourrai ensuite éventuellement vous le donner pour correction si vous êtes sur que ça ne vous dérange pas plus que ça… »
A l’instant même où elle finit sa phrase, elle se dit qu’elle était complètement folle ! Elle avait déjà énormément de travail en médecine, avec les partiels à réviser, ses stages, ses cours à suivre,… Mais non, voila qu’elle se rajoutait du travail, comme si elle n’en avait pas assez voyons !
Mais bon, lorsque l’on y réfléchissait bien, écrire des textes pour elle, ce n’était pas vraiment comme du travail scolaire… Même si elle n’avait jamais envisagé auparavant faire lire ses textes à quiconque, il était peut-être envisageable qu’elle lui en fasse lire quelques uns, histoire d’avoir un avis objectif et le plus juste possible… Elle avait toujours aimé écrire, c’était peut-être un signe finalement que d’avoir assisté à ce cours et de s’être faite abordée par le professeur…

D’un point de vue extérieur, cette discussion pouvait paraître vraiment bizarre : ils parlaient littérature, et voila qu’ils enchainaient, certes très rapidement et brièvement au vue de la réponse du professeur, sur la médecine ! En effet, Holly avait voulu se rendre serviable en lui proposant de l’ausculter rapidement, mais le professeur lui avait répondu presque du tac-au-tac qu’il savait ce qu’il avait et que ça ne servirait à rien. Il n’en avait dit ni plus, ni moins. Holly le regardait du coin de l’œil et sentait bien qu’un léger malaise s’était installé soudainement entre eux… Visiblement, il ne voulait clairement pas lui en dire d’avantage et Holly s’en voulait d’avoir abordé ce sujet ! Elle aurait mieux fait de se taire pour une fois, ça l’aurait changé un peu… Elle hésita un moment avant de reprendre la parole, ne voulant pas mettre mal à l’aise le professeur et éviter, une fois de plus, toute bourde éventuelle au vue de sa réaction : « Ah… Je… Excusez-moi, je ne voulais pas paraître indiscrète ou quoi… Je… Oubliez ce que je vous ai dit, ça sera mieux ! » Elle tenta un timide sourire pour se faire pardonner, mais elle avait clairement compris qu’elle était en terrain miné… Cela l’intriguait pas mal d’ailleurs, mais après tout, elle débarquait dans son cours sans prévenir, alors qu’elle était à mille lieues de suivre un tel cursus, il ne fallait pas s’étonner après tout si le professeur se montrait réservé face à elle quant à son état de santé ! Ce n’est pas parce qu’elle est étudiante en médecine que tout le monde doit lui raconter ses petits bobos… Elle n’était pas à l’hôpital face à un patient, elle se trouvait dans un amphi d’un cours de littérature après tout !

Afin de ne pas laisser ce malaise s’éterniser, le professeur reprit comme si de rien n’était sur le fait que Holly avait suivie les traces de ses parents. Il lui apprit d’ailleurs que ses parents à lui également étaient professeurs, comme quoi, il était bien plus courant que ce que ne pensait Holly que de vouloir faire le même métier que ses parents. Certes, elle avait hésité avec des études de littérature, mais elle ne regrettait pas plus que cela au final. Au contraire, elle avait même été touchée de voir cette lueur dans le regard de ses parents lorsqu’elle leur avait annoncé, quelques années plus tôt, que finalement, elle ferait elle aussi médecine ! Elle admirait ses parents, leur courage, leur force, leur vitalité ! Clairement, elle n’aurait jamais imaginé pouvoir les décevoir. Dans la famille Barnes on avait des principes comme ne cessait de répéter son père ! Et même s’ils l’avaient laissé maître de sa décision, Holly savait pertinemment qu’ils avaient été plus que ravis par le choix de leur fille. Ils ne voulaient pas que toute la famille Barnes – Harper et Noélia également – suive ce chemin, mais savoir qu’au moins une de leur fille le faisait, les avaient comblés de joie !
Holly était d’ailleurs un peu perdue dans ses pensées en repensant à tout ça. Elle finit par reprendre, un sourire nostalgique aux lèvres : « Oui c’est vrai. Mais ils ne m’ont jamais vraiment mis la pression pour que je le fasse en fait… Mais ils sont heureux pour moi de voir que j’ai trouvé ma voix… Et puis, quand j’ai du temps libre, j’allie un peu les deux : médecine et littérature. La médecine pour les cours et le projet professionnel, et la littérature pour les loisirs… »

« Hum… J’imagine oui ! Je ne me rends pas trop compte à vrai dire… Avant votre cours, je n’avais jamais été confrontée à ça. Comme je vous disais, en médecine, la distance entre professeurs et étudiants est de mise ! Mais c’est vrai que ça donne au cours une ambiance particulière et plus détendue ! »
Holly enviait un peu, au fond d’elle-même, ces étudiants. Effectivement, il devait être tellement plus simple d’oser aborder un professeur en ces termes. En médecine, si vous ne compreniez pas une notion, inutile de lever la main pour demander. Les cours étaient chronométrés à la minute près. Tout devait se dérouler comme ça l’avait été pensé, comme du papier à musique. Pas le temps de reprendre une notion incomprise, pas le temps de revenir sur les cours précédents. Le temps leur était trop précieux. Certains professeurs avaient d’ailleurs pris la grosse tête comme on dit ! Mais tout le monde savait que ça se passait comme ça, personne ne disait rien.
Aussi, savoir que dans ce cours, on pouvait osé demander quelque chose sans se faire gentiment – ou non d’ailleurs – rembarré, ce devait être agréable, plus convivial si l’on peut dire…

« D’accord, je vous remercie ! C’est vraiment différent des cours de médecine par ici… » ne put-elle s’empêcher d’ajouter ! Et clairement, même si elle adorait faire médecine, elle était totalement étonnée du déroulement plus ou moins classique d’un cours de littérature… « C’est dans tous les cours comme ça, ou c’est juste vous qui était un prof sympa ? » finit-elle par oser demander avec un sourire.
Il enchaîna en lui disant que lui n’aurait jamais pu faire médecine. Elle entendait souvent cette phrase de la bouche de ses amies : « T’as du courage Holly ! Médecine ? Pouah ! J’aurai jamais pu ! »
Mais elle, elle s’en fichait, elle aimait la médecine, elle se sentait utile, elle savait qu’un jour, elle pourrait se dire qu’elle allait au travail pour sauver des vies ! Ca pouvait paraître ridicule dis comme ça, mais c’est comme ça qu’elle elle le ressentait !
« Oh vous savez, ce n’est pas plus compliqué qu’autre chose au final… Il suffit juste de ne pas trop se laisser distraire en venant en littérature par exemple, et de s’accrocher un peu, et ça roule tout seul ! » lui répondit-elle en riant. Elle préférait dédramatiser les choses plutôt que de partir dans les grands classiques du "Je n’ai plus de vie sociale, je ne fais que travailler, blablabla"...

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Lorsque Holly lui demanda si elle pouvait lui rendre son texte ultérieurement pour qu’il le corrige et la conseille, le jeune professeur lui assura qu’il n’y avait aucun souci avec ça. Il ajouta même qu’elle pouvait prendre le temps qu’elle voulait, comme s’il avait lu dans ses pensées. Elle lui sourit alors, reconnaissante qu’il comprenne que ce n’était pas nécessairement évident pour elle bien qu’elle souhaite réellement terminer ce texte et le lui rendre. « Merci. Vraiment, c’est gentil à vous. Je dois vous avouer que je n’ai pas pour habitude de faire lire à quiconque ce que j’écris mais je vais faire un effort… Ca m’intéresserait vraiment d’avoir votre avis ! » Et effectivement, bien que le temps ne lui manque en ce moment, elle voulait vraiment essayer de continuer un peu et éventuellement assister à d’avantages de cours de littérature si jamais elle arrivait à combiner tous ses emplois du temps !
« Dès qu’il sera terminé, je vous le ferai parvenir ! Par contre… » Elle hésita un instant, c’était plutôt ridicule, mais elle était entré dans ce cours sans trop y réfléchir et savoir à quoi s’attendre… Elle reprit, quelque peu gênée : « Vous pourriez me donner votre nom ? Je suis désolée mais je vous avoue que je l’ignore totalement… » Elle avait déjà du mal à retenir le nom de tous les professeurs qu’elle rencontrait, alors connaître le nom d’un professeur qui n’est pas le sien, c’était bien impossible pour la jeune étudiante !

Alors qu’elle s’excusait pour avoir été peut-être trop intrusive dans la vie du professeur, celui-ci la rassura une nouvelle fois, lui expliquant alors qu’elle était vraiment sa situation et de quel mal il était atteint. Holly en fut totalement stupéfaite. Certes, au cours de ses stages et autres, elle avait rencontré bon nombre de patients atteints tout autant qu’ils étaient de maladies plus ou moins graves et plus ou moins rares, mais jamais elle ne se serait imaginé se retrouver face à un professeur malade. Bon nombre de patients atteints de tumeurs préféraient rester auprès des leurs le temps du traitement, d’une éventuelle rémission. Beaucoup arrêtaient tout ou partie de leur activité professionnelle. Et là, lorsque l’on observait ce jeune prof de littérature, jamais on ne pourrait s’imaginer ça. Holly avait d’ailleurs cru aux premiers abords, qu’il couvait juste un méchant rhume, une infection bégnine tout au plus… Il semblait tellement… heureux ! Il lui fallut quelques instants pour retrouver ses esprits et trouver quoi lui répondre, même si, dans ces cas là, il n’y a pas une parole meilleure qu’une autre… « Oh ! Je suis… désolée ! Je sais, vous avez déjà dû l’entendre des dizaines de fois… Mais j’espère en tout cas sincèrement que le traitement sera efficace et l’opération une réussite ! » Elle avait parlé à voix basse pour ne pas attirer les curieux, et ne voyait pas quoi rajouter, elle ne le connaissait pas après tout et que lui dire à part des paroles réconfortantes ?
Il lui demanda d’ailleurs de rester discrète à ce sujet. Elle lui répondit alors spontanément : « Oh bien sur ! Ne vous inquiétez pas ! Je ne suis pas du genre à divulguer tout ce que j’entends aux personnes qui m’entourent… Et puis, secret professionnel oblige, même si vous n’êtes pas mon patient, je garderai ça pour moi, rassurez-vous. » Effectivement, il devait déjà bien avoir à faire que de s’occuper de ses cours tout en jonglant avec son traitement. Elle n’allait pas aller révéler cette information à quiconque, ce n’était pas son genre de toute façon.

Alors qu’ils changeaient de sujet, le jeune professeur lui affirma qu’elle semblait être bien en médecine, au vue de ses réflexes et de la façon dont elle voyait les choses. Elle lui sourit de nouveau. A vrai dire, elle n’y avait jamais vraiment réfléchie. Certes, elle avait longuement hésité avant de se lancer dans des études de médecine, et à quel titre ! On ne s’engage pas pour 8 ans d’études si l’on n’est pas sur de vouloir faire ça. Mais de là à savoir si elle était mieux en médecine qu’ailleurs, ça, elle n’y avait jamais songé. Il était clair et net qu’en médecine, elle se débrouillait, le contact avec les patients, l’aide qu’elle pouvait leur apporter tout ça, ça lui plaisait. Mais même si elle n’avait déjà que très rarement et vaguement imaginé qu’elle serait sa vie si elle s’était orientée différemment, elle évitait de trop y penser pour ne pas se prendre la tête plus que nécessaire… Elle continuait son chemin, sans trop calculer et se tourner en arrière. Non, elle préférait aller de l’avant, toujours, telle était sa façon de vivre. « Je ne sais pas si c’est le réflexe médical ou si on nous a conditionné à agir de la sorte… Mais oui, vous avez probablement raison. J’avoue ne jamais avoir trop réfléchi à la question. Je me contente de laisser aller mes réflexes et ma pensée… » Elle s’était contentée d’une réponse vague… Ce n’était pas trop dans ses habitudes mais il faut dire qu’elle ne voyait pas trop quoi lui répondre d’autre en fait…

Lorsqu’il lui dit que, selon lui, cette proximité que gardaient les profs de médecine vis-à-vis de leurs étudiants était surement une façon pour eux de préparer ses jeunes médecins en devenir à garder leur distance vis-à-vis des patients, Holly l’écouta avec attention. Elle fronça les sourcils, non en signe de contestation ou de désaccord, mais plus en signe de réflexion : « Je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle là ! » lui confia-t-elle. « Mais oui, ça semble bien plus logique effectivement… Certes, vous n’êtes pas prof de médecine, mais vous restez un prof », elle lui sourit, « Non, plus sérieusement, je pense que vous avez raison. Certains d’entre nous ont déjà du mal à se détacher des patients que l’on rencontre durant nos stages… Il est donc logique que les profs gardent leur distance pour mieux nous former en quelques sortes… »
Elle resta ainsi perdu à nouveau quelques instants dans ses pensées, réfléchissant à ce que venait de lui dire ce professeur….

Alors qu’elle réfléchissait toujours, il la fit sortir de ses pensées en lui disant que l’intérêt porté aux cours dépendait du professeur qui le dispensait. Oui, ça semblait logique en soit, elle-même portant un intérêt plus important à certains de ses propres cours au vue du professeur qui le rendait plus ou moins intéressant… « Oui, j’imagine… En tout cas, heureusement que vous n’êtes que prof de littérature et non de philo ! Vous me faites déjà pas mal réfléchir sur moi-même aujourd’hui alors je préfère ne pas imaginer si vous aviez été un fervent de la pensée sur soi et tutti quanti ! », lui répondit-elle en riant à son tour.
Elle finit par reprendre : « Non, mais rassure-vous, je ne regrette pas du tout d’être venue aujourd’hui ! Je vois les choses sous un autre angle et c’est… plaisant ! Je pense sincèrement que j’essaierai de venir dès que je le pourrai ! » Et, là aussi, elle le pensait vraiment. Elle appréciait cette façon – complètement différente de ce qu’elle avait pu voir jusqu’à présent – qu’il avait de voir les choses et de le lui faire découvrir….