Une journée de repos, c'est pas du luxe comme on dit. A dire vrai, je ne me suis pas reposée depuis trop longtemps pour savoir quand est-ce je l'ai fait pour la dernière fois. Autant dire que cela fait une éternité... Ma mère m'a fait du chantage pour que j'arrête de travailler. Elle m'a proposé de garder Jeremy pour que je puisse passer un bon moment avec mes amis. Le problème, c'est qu'avec mes obligations et mon emploi du temps de ministre, je n'avais plus tellement d'amis... Mais j'ai fait ce qu'elle me disait, me persuadant qu'une pause me ferait du bien. J'ai donc appelé Albane pour savoir si elle voulait me rejoindre au cinéma pour y regarder un film de son choix. Elle ne mit pas longtemps à me répondre positivement. Je dus presque me faire violence pour sortir. En novembre, il commence à faire froid et le froid, beaucoup de personnes n'aiment pas ça, moi y compris. J'ai donc enfilé mon manteau et mes bottes pour rejoindre mon amie au cinéma. Pour la première de ma vie, j'étais en retard. Mon bus a été bloqué dans les embouteillages et un homme a piqué une crise auprès du chauffeur, ce qui nous a gâché de précieuses minutes. J'ai envoyé un message à Albane pour lui dire que j'allais arriver en retard, qu'elle ne s'inquiète pas. Une fois au cinéma, la poisse ne cessa pas de me poursuivre. On aurait dit que tout le monde s'était concerté pour se retrouver ici, à cette heure précise. Comme par hasard, je n'ai pas pu retrouver mon amie dans la cohue environnante. Mon ticket en main, j'ai pris l'ascenseur pour rejoindre le troisième étage, car les escaliers nous y menant étaient condamnés pour cause de dégradations. Dans la cage d'ascenseur, étonnamment, nous n'étions que deux personnes. J'ai regardé cette personne, lui souriant pour la saluer. J'étais pressée d'atteindre le troisième étage mais comme par magie (noir bien évidemment), l'ascenseur s'arrêta net et je fus bousculée jusqu'à atterrir sur le jeune homme qui m'accompagnait. « Oups, je suis vraiment désolée... » Lui dis-je en grimaçant. J'attendais que l'ascenseur redémarre mais il n'en fit rien...

Jour de congé. Rien de mieux pour passer son temps au calme chez soi, à faire ce à quoi on excellait le plus : jouer aux jeux vidéo. Sauf que, ce jour ci, Orange n'était pas connecté et par conséquent, la partie paraissait fade, sans intérêt. Yoshi fit tourner son personnage en rond mais c'était comme actionner un levier dans le vide. Il n'avait aucun but précis. Il resta un petit moment à se tourner les pouces avant d'éteindre l'ordinateur et d'abandonner. Il s'installa tout d'abord sur le canapé, totalement libre puisque Zelda travaillait et que Toad était avec sa copine, et zappa de chaines en chaines mais à cette heure ci, il n'y avait pas de programmes vraiment intéressant. La maison était vide. La télévision éteinte, seule l'aiguille de l'horloge cassait le silence pesant que laissait l'absence de son frère et de sa sœur. En général, la maison était tout le temps animée mais comme le voilà seul, c'était comme se retrouver seul au monde. L'ennui s'installa et il se mit à la fenêtre pour observer les gens passer sous un soupir de lassitude. Comment allait-il bien pouvoir occuper le reste de la journée?

Il se reconnecta, mais pas sur son jeu. Il démarra l'internet et rechercha les programme ciné, quitte à trouver un film sympa à regarder. Une personne avec qui y aller? Bien sûr que non! Yoshi n'avait pas d'amis. Du moins, il connaissait des gens, mais il n'était pas encore sûr qu'il pouvait les considérer comme des amis. En même temps, il n'avait jamais connu ce qu'était l'amitié, par conséquent, il ne savait pas dire si les liens qu'il entretenait avec les gens qu'il connaissait pouvait être perçu comme de l'amitié ou de simple connaissances. Quoiqu'il y avait "Orange" qu'il estimait être un véritable ami. Une personne qu'il n'avait encore jamais vue mais qui lui procurait tellement de bien qu'il ne pouvait s'empêcher de penser comme tel. Sauf qu'Orange n'était pas là et que ce n'était pas le moment de lui proposer un cinéma.

Il y avait du monde au cinéma ce soir là mais Yoshi ne s'en soucia guère. il n'avait personne à attendre et personne ne l'attendait. De plus, s'il ratait la première séance, il n'aura qu'à prendre la suivante, tout simplement. Une fois la place libre, il se dirigea dans un couloir vide et s'engouffra dans l’ascenseur où une jeune femme avait déjà pris place. Seuls, il commença à démarrer et ce fut en silence qu'ils montèrent les premiers étages. Malheureusement, il finit par s'arrêter sous un choc brutal qui fit basculer la jeune femme sur Yoshi, ce qui le fit sursauter, non pas qu'il soit hostile à elle, mais il faisait sombre et, enfermé à l'intérieur d'un petit espace, il y avait de quoi le rendre inquiet.

"Qu.. qu'est ce qu'il se passe? On est coincés?" dit-il précipitamment, sa voix trahissant sa peur, n'ayant pas même pas entendu les excuses de la personne avec laquelle il s'était retrouvé.
Naturellement, il commença à frapper les murs de l'ascenseur comme si cela allait faire ouvrir par miracle les portes. Tant bien même qu'elles pussent s'ouvrir, cela se ferait sur un mur, donc, impossible de sortir.

"Où on est, pourquoi c'est bloqué? On va pas rester là hein?"

Il avait beau appuyer sur le bouton de la sonnette pour avertir qu'ils étaient mal en point, elle semblait ne plus fonctionner. Il se mit alors à respirer bruyamment, ne pouvant s'empêcher de paniquer. Et si la cage se mettait à descendre brutalement?
Il s'appuya contre la rambarde et s'y accrocha fermement tout en restant apeuré. Il implora à l'aide, oubliant même qu'il y avait quelqu'un avec lui, tant la peur l'avait envahi.

Je n'étais décemment pas faite pour être en repos. Il suffisait que je m'adonne à ce plaisir simple que tout le monde aimait, pour qu'une catastrophe se produise. La preuve avec l'ascenseur... J'étais maudite, je ne voyais pas d'autre explication...

Tout alla donc très vite. Une fois montée dans l'ascenseur, il ne lui fallut pas deux minutes pour se retrouver coincé entre deux étages. Enfin, je ne pouvais que supposer. Le jeune homme présent dans la cage avec moi ne semblait pas du tout à l'aise, ce qui me stressa davantage. Je n'aimais pas plus que lui me retrouver enfermée dans un lieu clos, se trouvant être bien plus petit qu'un placard. Mais j'ai pris sur moi, ne voulant pas affoler plus qu'il ne l'était déjà mon compagnon de mésaventure. Lorsqu'il commença à appeler à l'aide, je me suis retrouvée complètement désemparée. J'ai alors pris sur moi pour ne pas lui crier d'arrêter. Ce fut d'un ton calme et presque posé, avec quelques tremblements dans la voix, que je pris la parole pour la seconde fois : "S'il vous plait... Calmez-vous... On va bientôt venir nous chercher, je vous le promets." Comment pouvais-je promettre une chose pareille ?! J'ai toujours détesté les personnes qui promettent quelque chose sur laquelle elles n'ont aucun contrôle. Je venais de transgresser une de mes règles, mais je m'en fichais si tenté que cela eusse l'effet escompté sur le jeune brun. "Je suis Dana, et vous ? Je sais que ce n'est pas facile de faire connaissance dans ces conditions mais on risque d'attendre un petit peu donc autant parler non ?" Je devais installer un climat de confiance, chose très difficile dans un environnement aussi effrayant et hostile à tous changements.