Je ne sais pas comment je suis sortis du ventre de ma mère mais ça devait sûrement être en travers. Pour commencer j’suis arrivé en avance, ma mère m’attendait pour Noël et c’est le 6 décembre que je me suis manifesté, obligeant mes parents à se rendre à l’hôpital de toute urgence. Premier jour de naissance et je ne faisais déjà pas ce qu’on attendait de moi, autant dire que je suis né pour être ce que je suis devenu aujourd’hui. Je n’étais pas le premier à sortir du ventre de ma mère, non loin de là ! En fait il y avait déjà deux autres garçons de trois et quatre ans de plus que moi, mes deux frères. A l’époque il était évident que je ne pouvais pas savoir qu’eux et moi serions si différents, si éloignés… Après tout étant petit je ressemblais encore aux autres gamins, à m’amuser avec un caillou qui brille où la chaussure de mon père. Comme dirait Baloo il en faut peu pour être heureux et à cet âge là c’est vrai ! A l’époque je ne fumais que des cigarettes en chocolat et je ne buvais pas encore à la bouteille mais au biberon, on aura beau dire tout ce que l’on veut quand on est encore tout petiot on à la belle vie quand même. Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui ma mère accepte de me donner à manger et de me changer, ceci dit je n’en ai pas vraiment envie non plus ! Et puis pas besoin de réfléchir, on le fait pour toi… Quoi que ça vous me direz aujourd’hui ça n’a pas vraiment changé, toute ma famille pourrait en témoigner sauf peut-être Zola, qui, bonne âme comme elle est dirait le contraire. Je ne vous ai pas encore parlé de Zola, en effet parce qu’elle n’était pas encore la quand je n’étais qu’un nourrisson dépendant. Zola c’est la petite dernière, quand elle est née j’avais quatre ans et elle était la première fille. J’en suis tombé amoureux dès que je l’ai vu à l’hôpital et quand je dis amoureux je parle bien d’amour fraternel, qu’il n’y ai pas de confusion hein.

« Non j’veux pas ! J’veux pas y’aller !!! » Six ans, enfermé dans la salle de bain, assis sur la capot des toilettes, les jambes repliées contre moi-même. Faisant perdre du temps à toute la famille pour changer. Tous étaient devant la porte depuis au moins dix minutes, à s’impatienter et mon père commençait à gueuler. Sauf que plus il criait plus j’avais peur de déverrouiller cette porte et de sortir alors je restais, n’ayant aucune envie de me prendre une fessé. Sauf qu’ils n’allaient pas partir sans moi ça c’était clair et net. « C’est bon Jasp’ c’est que deux semaines c’est pas grand-chose fait un effort » C’est facile pour lui de dire ça, il a dix ans ! Moi je n’en ai que six ! Et vivre pendant deux semaines sans voir mes parents, avec des gens que je ne connais pas c’était juste inimaginable. Je n’étais définitivement pas près pour la colo ! Quand mon père a perdu patience et a ouvert la porte grâce à un tournevis j’ai crus que c’était la fin des haricots ! Pour moi mon père allait m’abandonner dans la forêt en me laissant en pâture aux méchants loups ou peut être même me découper en morceaux, me jeter dans les toilettes et tirer la chasse ou encore me priver de chocolat pendant le restant de ma vie ! Tout ça n’étant bien sûr que les résultats de mon imagination débordante mais je me suis quand même bien fait gronder et j’ai été obligé d’aller en colo. Avec mes deux frères vu que Zola n’avait que deux ans. Je suis resté dans ma tente à bouder toute la première semaine ! Refusant de participer à chacune des activités. En fait je serais probablement resté dans ma tente aussi la dernière semaine si une fille n’était pas venue me rejoindre. Elle était grande, en fait elle avait l’âge de mon plus grand frère mais elle n’était pas comme eux et contrairement à tous les autres elle n’a pas essayé de me faire sortir, elle m’a juste parlé et puis elle a joué de la flûte. C’était vachement joli et ça avait l’air facile… ça avait l’air… Quand elle m’a fait essayé j’ai probablement dû littéralement exploser les oreilles de tous le campement ainsi que les miennes, je lui ai rendu bien vite croyez moi. J’abandonnais directement l’idée de faire de la flûte, en revanche elle m’avait donné envie de jouer d’un instrument, je ne savais pas quand je le ferais mais je le ferais. Cette fille après la colo je ne l’ai plus jamais revu, elle fait partis de ses rencontres qui sont la pour vous donner une passion et qui reparte.
« T’y ai preeesque… OUAI ! Il l’a eu ! » je revenais vers ma bande de pote le porte monnaie entre le main, fier comme un pinçon, j’avais dix ans, c’était ma dernière année en primaire donc on s’amusait à faire des trucs rigolos comme justement piquer les portes monnaie des gens dans la rue. Je passais beaucoup trop de temps avec eux d’ailleurs. D’après mes parents, je n’étais pas facile à vivre. Non seulement je ne faisais pas mes devoirs mais en plus je n’étais jamais là pour filer un coup de main pour les tâches ménagères. Le pire la dedans c’est que j’aurais pu m’en sortir comme ça, si je me laissais crier dessus sans rien dire je pouvais recommencer le lendemain et j’allais juste me faire crier dessus ensuite mais comme je n’arrêtais pas de répondre, ce qui n’était absolument pas digne d’un gamin de dix ans, je me retrouvais très souvent puni dans ma chambre. J’en arrivais même à un point où je ne communiquais presque plus avec le reste de ma famille. A une exception prêt, ma sœur. Toujours la pour me consoler, c’est simple elle était la seule de mon entourage qui ne me rabaissais pas et c’est probablement ce qui fait que j’ai toujours été très proche d’elle. En fait pour faire simple je tiens plus à elle qu’à moi. Avec tout l’argent que j’ai volé j’ai pu m’acheter une guitare, pas une guitare de luxe bien entendu, mais je l’ai caché ne voulant pas que quelqu’un sache. Je n’en jouais même pas en fait au début de peur qu’on m’entende. Je suis entré au collège et la ce fut le début de la fin, la descente aux enfers ! Dès le début j’ai traîné avec les mauvaises personnes, vous savez celles qui sont toujours dans le même coin de la cours car elles prétendent que c’est LEUR coin. Le groupe que personne ne vas embêter parce qu’il serait sûr de se retrouver avec des emmerdes jusqu’au coup. D’ailleurs ils étaient tous plus vieux que moi mais je n’ai pas eu de mal à les suivre. J’ai commencé à fumer, au départ je ne vous cache pas que j’ai craché mes poumons, c’était dégueulasse ! Je me suis dis que je n’essayerais plus jamais et le lendemain même j’ai voulu retenter, absolument aucune volonté… J’en suis venu à fumer tous les jours au grand désespoir de ma famille. « Franchement mais qu’est ce qu’on a loupé dans ton éducation pour que tu finisses comme ça ?! » Ouai je ne savais pas ce qu’ils avaient raté dans la conception mais ça avait bien foiré en tout cas. En classe de quatrième, le groupe d’idiots avec qui je traînais n’étaient plus au collège, alors j’allais les rejoindre dans la ville. Au final je passais plus de temps en dehors du collège que dedans. C’est simple même les profs avaient perdu espoir d’un jour me voir travailler. Si j’étais encore ici c’était parce que mes parents payaient pour que j’y sois mais rien d’autre ne m’y retenait. Généralement on me demandait de me mettre au fond de la classe, tout seul, isolé pour au moins ne pas empêcher les autres de travailler et quand je refusais on me foutait à la porte et j’allais retrouver la bande de détraqué. J’ai donc forcément commencé à boire aussi, ça fait très jeune pour ça mais quand je disais que j’étais un raté paumé je ne mentais pas, et encore l’année d’après j’ai même touché à la drogue. J’étais de ceux dans la rue que les papas montraient du doigt en disant « Tu vois ça fiston c’est de la racaille, je ne veux pas que tu t’approches des gens comme ça, ils sont dangereux et ne réfléchissent pas » C’est vrai je ne réfléchissais pas, je me laissais porter, je vivais au jour de jour et encore aujourd’hui je ne prévois pas ce que je vais faire le lendemain.

Suite à ça est arrivé le lycée, trois merveilleuses années où tout ce que j’ai entendu était que je n’étais qu’un bon à rien, que j’étais inutile, que je n’étais rien de plus qu’un fardot pour les autres doublé d’un sale con. Autrement dit que des choses qui remonte le moral. Mais tout ça je le sais déjà, je suis un abrutit qui n’a aucun avenir et qui est juste bon à gratter sa guitare et à composer quelques morceaux et encore.  Je déteste mon père, notre relation a bien changé, elle a bien évolué et dans le mauvais sens. J’ai toujours été le vilain petit canard et je le serais toujours ça je le sais et j’y suis habitué, je ne m’entend pas plus que ça avec mes deux frères, on vas dire que ça passe avec ma mère, la seule avec qui je parle réellement c’est Zola une fois de plus, mais mon père maintenant à chaque fois qu’il ouvre la bouche devant moi c’est pour me critiquer et m’engueuler, à chaque fois, plus de gentillesse rien, je ne mérite même pas de porter son nom de famille apparemment. Une fois je me suis même tellement pris la tête avec lui que j’ai décidé de me casser, sans bagage sans rien. Il faisait nuit quand je suis partis, je me suis posé sur un banc et me suis endormis. C’était l’hiver, j’ai faillit mourir de froid, réellement, puisque j’ai dû faire un allé à l’hôpital avant d’être, bien entendu, ramené chez moi. Au lycée j’ai rencontré une jeune fille du nom de Pearl, et oui parce que c’est l’époque où j’ai commencé à draguer, après tout c’est humain. Pearl a été ma première fois et j’en garde de très bon souvenirs, seulement après le lycée on s’est un peu perdu de vus. Je n’ai pas pu passer mon bac, pourquoi ? Parce que j’ai terminé ma terminale en prison. Deux ans pour avoir vendu de la drogue. J’ai touché le fond du gouffre. Je me suis demandé pour quelle raison j’étais en vie en fait, je n’apportais rien à cette terre si ce n’est du malheur ceci dit malgré tout ça je n’ai jamais essayé de me suicider. Parce que même ça je n’ai pas le courage de le faire, parce que même ça je ne serais pas foutu d’y arriver alors j’ai abandonné l’idée avant même d’y avoir pensé et j’ai composé. Je n’avais que ça à faire vous me direz, mais hors de question que je m’en vante, je préférais encore dire que je ne foutais rien. Je suis sortis plus tôt que prévus de prison, je n’ai fais qu’un an finalement, pour le plus grand soulagement de ma sœur.
Vingt ans. J’avais vingt ans et je n’avais rien foutus de ma vie. J’ai commencé par me barrer de chez moi pour aller habiter seul, c’était une des premières choses que je tenais à faire en sortant de prison, ne voulant plus rien avoir à faire avec mon père. Oui c’était également une des premières choses que j’avais prévues à l’avance de toute ma vie. J’ai trouvé un appart miteux et surtout pas cher qui me convenait parfaitement. Ma vie c’est ensuite résumée à traîner au bar, coucher, faire des conneries. Vous allez rire mais moi qui suis parfaitement hétéro j’ai même couché avec un homme une fois, bon j’étais plus très étanche mais en revanche le lendemain j’étais trèès étonné de retrouver un mec endormis à côté de moi. Je ne l’ai pas mal pris, après tout à quoi bon, c’était fait c’était fait on ne pouvait pas revenir en arrière et puis ce pauvre mec n’y était pour rien lui. Certes je suis rancunier mais pas sur ce genre de choses. Il y a trois ans j’ai fais la connaissance d’un nouvel employé du bar dans lequel je passais la plus grande partie de mon temps. Dylan, un mec qui a pas mal de point commun avec moi, au final on était fait pour s’entendre. Il fait de la musique en plus donc forcément ça m’a plût, cependant il ne savait pas que je jouais de la guitare avant de me surprendre avec. On a décidé de se mettre en colocation, puisqu’on pouvait se supporter l’un et l’autre et qu’on savait qu’on ne se ferait pas chier. Et puis en plus ça permet de payer moins cher. Depuis le temps on commence à vraiment bien se connaitre et tout comme lui il m’est facile de repérer quand quelque chose ne tourne pas rond chez lui, ce qui est le cas en ce moment, il est beaucoup trop dans ses pensées. Durant les deux dernières années j’ai retrouvé quelqu’un que je ne pensais pas revoir, Pearl ! Elle a changé, non seulement physiquement mais mentalement aussi, elle a mûrit, alors que moi je suis toujours le même. D’ailleurs à ce propos elle n’a pas hésité à me dire le fond de sa pensée, c’est ce qui est bien chez elle c’est qu’elle va toujours me dire clairement ce qu’elle pense que je lui demande son avis ou non. On est redevenus proche, de façon différente de ce qu’on était en étant adolescents puisque maintenant elle a un mari apparemment et aussi une petite fille qui a le don de m’attendrir et de me faire sourire. Pearl fait partit des rares personnes à qui j’accepte de me confier aujourd’hui et qui m’écoute et elle est aussi une des seules à me faire rentrer quand je frappe à sa porte à quatre heure du matin complètement déchiré.