La vie de Samara n’avait rien de bien excitante ces dernières semaines. En effet, ses journées types se résumaient à aller en cours, à rentrer, sortir quelques soirs par semaines avec des amis pour faire la fête ou passer la soirée au calme chez eux devant la télévision. Rien de bien passionnant en somme. Ce n’est en aucun cas dans les habitudes de la belle blonde de ne pas sortir dans des soirées qui dégénéraient à un moment où à un autre, de se réveiller lendemain matin avec une gueule de bois des plus affreuse, à essayer de la dissimuler à ses grands-parents quand ceux-ci étaient présent à son réveil pour ne pas leur montrer que leur petite fille n’est pas aussi sage qu’ils le ne pensent. Enfin bref, c’était néant, elle avait besoin de faire la fête, ce besoin ultime de penser à autre chose que de sa vie le temps d’une soirée, à boire, s’amuser avec des personnes qu’elle ne connait pas forcement. C’est pourquoi une idée lui avait traversé l’esprit, le week-end prochain, on était mercredi, ses grands-parents n’étaient pas là, et tant pis si sa cousine allait cafter au non, elle allait organiser un truc chez elle. C’est pourquoi elle avait pris sa voiture et était partie au supermarché pour prendre quelques bouteilles d’avances qu’elle allait cacher sous son lit. Après quelques achats qui allait lui être utile, elle repartie avec son cadi et chargea le coffre tranquillement. Il n’y avait pas grand monde, enfin le parking était plein mais tout le monde devait être encore dans le magasin, très certainement.

Tournant finalement la tête, elle ne crut pas vraiment ce qu’elle était en train d’observer… il était là ! Harrison ! Après des semaines sous silence radio, où il avait complètement disparu de la vision de la jeune femme, qu’il ne venait plus donner cours et qu’un remplaçant complètement affreux était venu, qu’il ne répondait ni à ses sms ni aux quelques pauvres appels qu’elle avait passé avant de s’arrêter pour ne pas passer pour quelqu’un de pathétique, avant qu’elle se fasse une raison comme quoi il s’était royalement foutu de sa gueule. Elle pensait qu’il avait quitté la ville, du moins elle l’avait pensait une seule seconde avant d’arrêter d’imaginer quoi que ce soit, à quoi bon ? Il se foutait d’elle alors elle aussi maintenant elle avait s’en foutre de lui, c’était ainsi. « Bah tiens, un revenant, je suis ravi de vous revoir Mr Goodwin, ça faisait longtemps dis donc ! » On pouvait lire au son de sa voix qu’elle avait de la rancœur et qu’elle était énervée. Oui elle était énervée, énervée par le simple fait qu’il n’avait pas pris la peine de lui dire en face qu’il ne voulait plus la voir. Finalement peut-être qu’elle s’était trompée, encore une fois sur les intentions d’un homme, qu’elle avait été la seule à trop s’attacher à un homme qu’elle ne pouvait de toute façon jamais avoir. Le regardant alors en croisant les bras, comme pour attendre une explication sur ce parking complètement pleins mais où il n’y avait personne à l’horizon, aucune oreille indiscrète, rien ! Finalement elle claqua le coffre de sa voiture et s’appuya contre celui-ci en le regardant du genre ‘j’attends tes explications à la con sur le pourquoi tu t’es foutu de ma gueule !’ Oubliant légèrement qu’ils étaient à la vue de tous, bon là il y a personne, mais quand même !

Dans un sens, elle était contente de le voir mais dans un autre, c’était le contraire. Elle ne savait pas quoi penser et faire à cet instant en fait. Etre contente de le voir enfin, même si c’était par le plus pur des hasards ? S’énerver contre lui et lui gueuler dessus ? Partir vite ? Etre normale ? Samara avait décidé de lui faire comprendre qu’elle était énervée, ce qui était le cas et elle n’avait pas à jouer la comédie pour lui faire comprendre. Pourtant, il faisait comme si de rien n’était en lui demandant comment elle allait et lui parler de sa voiture. Euh, c’était une blague là ? En l’entendant, elle arqua un sourcil et ne put s’empêcher d’avoir un rire jaune « T’es sérieux ? Tu ne me donnes pas de nouvelles durant des semaines et tout ce que tu trouves à dire c’est que ma bagnole est jolie ? Super ! » Elle prenait vraiment mal le fait qu’il l’est autant mit de côté ans qu’elle sache pourquoi. Elle pensait qu’il tenait à elle, ou du moins assez pour lui donner une raison pour arrêter le semblant de liaison qu’ils avaient eu et dont elle tenait malgré ce qu’elle pouvait laisser croire. Enfin non, maintenant c’était terminé, c’était fini le temps où elle faisait croire telle ou telle chose, ou du moins certaines de celle–ci, car il l’avait vu faible, il l’avait vu dans un état dont la plupart des habitants de la ville Canadienne n’avait jamais été témoin. Il y avait bien certaines choses qu’elle gardait pour elle, elle ne disait pas non plus ce qu’elle pensait vraiment de lui mais c’était tout de même terminé le temps où elle faisant semblant de le voir simplement comme un homme avec qui elle couchait juste pour le sexe. Alors elle était blessée elle et aussi son ego qu’il ait coupé tout contact. Elle attendait donc des explications même si dans un sens, elle ne voulait pas vraiment savoir la raison. Si c’était parce qu’Harri était retourné auprès de sa femme ou bien s’il avait trouvé une autre maitresse qui prenait sa place, ou du moins la place qu’elle pensait occuper avant, elle le prendrait mal, très très mal. C’est sans doute pour cela qu’elle finit par se dire que ce n’était même pas la peine d’attendre la moindre explication : « Tu sais quoi ? J’veux même pas entendre quoi que ce soit, j’ai juste été stupide, comme toujours ! » Elle jouait la victime, encore une fois, elle ne pensait qu’à elle et non pas que peut-être il lui était arrivé quelques chose, ce qui expliquait son absence même au lycée. Comme d’habitude, elle faisait son égoïste mais elle faisait cela pour se protéger ou du moins essayer. « Sur ce, bonne journée ! » lâcha-t-elle sèchement en tournant le dos dans le but de rentrer dans sa voiture et partir loin. Elle qui attendait des explications, elle n’était plus sure de vouloir les entendre.

Samara ne s’était pas attendu à ce genre de révélation. Après l’avoir rattrapé, à dire vrai même si elle souhaitait vraiment partir, elle se doutait bien qu’il ne la laisserait pas filer après les phrases qu’elle avait sortie. Et c’est alors qu’il lui expliqua la vérité sur le pourquoi ils ne s’étaient pas vu, de pourquoi il avait mis en pauses ses cours de sport au lycée, pourquoi… tellement de chose en fait. Sa femme avait appris pour ses fidélités, comptant le fait qu’elle faisait partie des femmes avec qui il avait eu une liaison extraconjugale. Samara ne se sentait pas coupable, la plupart des femmes à sa place le serait mais elle non, ce n’était pas son problème si sa femme n’avait pas réussi à retenir son homme et que celui-ci chercher du plaisir ailleurs que dans son propre plumard. « Je… » En fait elle ne savait pas quoi lui dire. Pour la première fois devant lui, elle se sentait bête de réagir de la sorte, d’être égoïste mais elle ne voulait pas le montrer. Elle lui en voulait toujours, peut-être plus après sa révélation parce qu’il avait dit ‘envoyer en l’air avec la première venue’ ce que bien sûr, elle prenait pour elle. Encore une fois elle avait l’impression d’être passé pour une conne. Mais comment lui dire, lui faire comprendre sans que celui-ci comprenne qu’elle était encore plus blessée qu’elle ne le montrait. Elle avait envie de partir, de le fuir, de ne pas regarder derrière elle et de faire comme s’il n’existait pas. Actuellement elle ne le voyait même plus au lycée alors cela n’allait pas être compliqué, la preuve lui avait bien réussi. Toutefois, alors qu’il lui disait indirectement qu’il ne voulait pas qu’elle parte et donc en gros qu’il voulait la voir, elle souffla. Finalement elle n’avait plus envie de partir. Non mais sérieusement, qu’est-ce qui lui prenait là au juste. Elle aurait dû partir, lui montrer que elle aussi pouvait faire autre chose que de ‘sauter sur le premier venu’ mais au lieu de cela elle se retourna, toujours les bras croisé, le regard dur, elle s’assuya contre sa voiture. Pour la première fois, c’est elle qui voulait partir et lui qui ‘voulait’ qu’elle reste, pour la première fois il ne faisait pas une scène comme quoi il ne fallait pas lui parler dans un lieu publique. « J’étais pas au courant nan, en même temps je m’en fous des rumeurs ou infos qui circulent dans cette ville, si je commence à écouter les folie du vieux pervers du coin ou encore de sa voisine qui s’est acheter un nouveau chat, j’ai pas fini ! » Tout ça pour dire qu’elle n’écoute pas ce qu’on dit, au lycée oui, elle trouve ça lus captivant alors que les ragots des personnes plus vieilles, ça n’a rien de captivant. Mais faut croire que pour une fois, elle aurait dû les écouter. Ça aurait justifié tout, du moins en parti. Toutefois elle n’ajouta rien quant au fait que sa femme ait apprit pour eux deux, avait foutu le camp avec leur fille etc. ce n’était pas son problème. Toutefois, le regardant de haut en bas, sa voix s’était quelque peu adoucis elle demanda simplement « Comment tu vas ? » Parce que ce n’est pas un scoop, elle s’intéresse à comment il va, comment il prend telle ou telle chose. Que sa femme se soit barrée, honnêtement elle ne va pas le plaindre sur ça, mais elle voulait tout de même s’assurer qu’il allait bien. Regardant autour d’eux, le parking était toujours vide, fort heureusement, mais jusqu’à quand ? Telle est la question. « On… On devrait mieux aller autre part, comme tu le dis, les rumeurs cours vite, il serait bête que celle comme quoi tu revois ton ancienne maitresse fasse le tour de la ville ! » Ancienne maitresse, maitresse, partenaire sexuelle, plus… en fait, elle ne savait même plus comme elle pouvait être cataloguée par rapport à lui et elle ne pouvait le savoir seule.

Samara ne pensait qu’à elle sur le coup, enfin même, c’est le cas également de manière général. Elle ne pensait qu’au fait qu’Harrisson s’était foutu d’elle en ne donnant aucune nouvelle. En même temps, cela l’avait blessé alors oui elle le prenait mal. Le fait qu’il puisse ne pas aller bien, qu’il ait des problèmes ou autre, cela ne l’avait pas traversé l’esprit. Et puis même si cela était le cas, il ne répondait pas à ses messages alors comment en savoir plus. Elle n’allait tout de même pas débarquer chez sa femme la bouche en cœur, surtout maintenant qu’elle sait que sa femme est au courant pour elle, ni même demandé à quelqu’un d’autre. En même temps, ils ne connaissent pas les mêmes personnes. Elle n’allait tout de même pas demander à l’un de ses meilleurs amis Raphael qu’elle ne supporte pas et encore moins à ses professeurs qui ne comprendraient pas cet intérêt soudain pour un professeur absent alors qu’elle se fout complètement des autres. « Oui, je ne vais pas te le cacher, bien sûr que je me suis demandé quand j’ai vu l’autre crétin de prof se ramener. J’ai cru que tu t’étais barré avec ta femme ou je ne sais quoi. J’ai alors compris que je ne méritais pas la moindre nouvelle et explications. Mais bon, pourquoi j’en aurais eu après tout ? » Elle le savait, leur relation était indescriptibles. Interdite, physique, électrique, dont on ne peut se passer et dont il est impossible de faire comme si de rien n’était lorsqu’ils sont seuls tous les deux. Aujourd’hui, elle n’est plus sure de rien. Pendant qu’elle n’avait plus de nouvelle, elle s’était fait à l’idée qu’il avait repris sa vie de petite famille quasi parfaite sans elle, sans qu’elle ne compte. Aujourd’hui, il semble vouloir la voir, lui parler ou il ne sait quoi. Du coup, elle ne sait plus quoi penser. Samara n’aime être comme ça, dans l’incompréhension la plus totale. Mais finalement, Harrison s’ouvra à elle en disant ce qu’il se passe dans sa vie en ce moment, c’était bien la première fois qu’il le faisait en sa compagnie. « Tu sais, je pense qu’on a déjà passé le stade où on peut se confier à l’autre sans déranger ! » D’ordinaire c’est elle qui se confiait, c’est à lui qu’elle a parlé de toute l’histoire avec son ancien professeur, avec son ex, avec le fait que personne ne l’ait cru et qu’elle a du débarquer dans cette ville de merde. Si elle pouvait se confier à lui, il était donc normal qu’il puisse en faire autant. Samara n’est pas un monstre hein, on peut se confier à elle sans qu’elle s’en fiche royalement. Bon, c’est vrai que parler de sa femme et des autres femmes avec qui il couche mis à part elle ce n’est pas le type de conversation qu’elle souhaite entendre, ce qui est compréhensible mais elle ne va tout de même pas lui dire, elle n’a pas le droit, ce n’est pas son rôle de le faire, la jalousie n’a pas sa place, ou du moins ne devrait pas avoir sa place entre ses deux-là. Pensant qu’il préférait se voir ailleurs que là, en plein milieu du parking où n’importe qui pouvait les voir. Bon ok ils ne font rien de bien méchant qui pourrait faire croire qu’il y a quelques choses, ou avait, elle ne sait plus, entre eux deux. Ils parlaient simplement et tant que quelqu’un n’arrive pas à leur hauteur, ils ne peuvent pas savoir de ce qu’ils sont en train de faire actuellement. De toute façon, s’il s’en foutait, c’était tant mieux et même si elle était toujours énervée, elle ne put s’empêcher d’avoir un sourire au coin et de le regarder de haut en bas. « Harrison Goodwin s’en fiche d’être affiché avec moi ? Hum intéressant à savoir ! » Dit-elle simplement avec un sourire. Bon, ce n’était pas non plus le sourire du siècle, ni même celui qu’elle a d’ordinaire quand elle est en sa présence et qu’ils ne se prennent pas la tête mais c’est déjà un bon début, avouons-le quand même. Seulement, elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était... Samara pouvait faire semblant devant les autres autant qu’elle le souhaitait, devant Harrison c’était tout autre chose. Non seulement elle ne peut garder quelques choses comme ça pour elle en sa présence mais également, plus elle attendait et plus il prendrait mal le fait qu’elle n’ait pas révélé ce genre de chose. Et puis il faut bien le dire, autre le fait qu’elle prenait mal le fait qu’il avait contact sans la moindre explication, il y avait autre chose qui la tracassait. Elle avait du retard et si les tests qu’elle n’avait pas encore faits se révélaient positif, il était le deuxième concerné. Alors, relevant la tête, elle lui dit simplement, cette voix elle avait une voix à la fois douce mais qui montrait le sérieux de la situation. « Mais… il faut qu’on parle Harri, en privé, c’est important ! » Elle ne voulait pas forcement aller quelque part, juste dans la voiture ça irait, histoire d’être sûr de ne pas être entendu et surtout, pour qu’ils soient assis. Ce n’était pas forcement la chose la plus évidente à parler. Dans un silence, elle l’invita donc avec un signe de tête à la suivre et s’installer dans la voiture. Ne pouvant le regarder, elle regardait en face d’elle alors qu’il n’y avait rien de bien passionnant. « Ce n’est pas évident à dire tu sais… » Mais il le fallait et sans qu’elle s’aperçoive, son visage avait complètement changé. Elle n’était pas la Samara sure d’elle, ni celle en colère contre Harrison, là elle était la Samara complétement paniquée. S’enfonçant complètement contre son dossier, elle tourna finalement la tête et dit : « Harri… J’ai du retard ! » Autant dire qu’il n’avait pas besoin de comprendre où elle voulait en venir. La bombe était lancée, sans pouvoir de revenir en arrière. Samara avait vraiment très peur de sa réaction…

Samara s’était contentée de lever les yeux au ciel. Bien entendu qu’elle ne l’avait pas appelé, elle n’allait tout de même pas lui courir après et passer une pour la fille désespérée. Elle n’allait pas s’arrêter de vivre pour lui. Mais bon, il faut dire que le fait qu’elle ait été en colère montrait bien que malgré tout, même si elle faisait comme si elle s’en fichait, ce n’était pas le cas. Même si bon, il y avait bien autre chose qui l’avait mis en colère. Il l’avait laissé au pire moment, il l’avait abandonné alors qu’elle avait besoin de ce dernier sans même qu’il le sache. Parce qu’elle s’est retrouvée dans la merde et complètement seule… et il était temps qu’elle lui en parle. C’est pourquoi elle l’avait invité, sans trop vraiment lui laisser le choix à monter sur le siège avant et après quelques minutes de blanc où Harrison lui dit qu’il commençait à flipper de son silence. La bomba explosa, elle avait du retard et c’était vraiment très sérieux. Alors qu’Harrison lui demanda si elle avait du retard, elle ne répondit même pas, se contentant de regarder en face d’elle, le regard dans le vide. Si d’ordinaire elle aurait éclaté de rire par le fait qu’il puisse penser qu’elle est en train de parler de retard de cours, là, elle n’était pas vraiment d’humeur. Elle l’avait déjà vu énervé, il faut dire qu’ils se sont déjà pris violement la tête mais en général c’est plus verbal qu’autre chose. Elle ne l’avait jamais vu dans cet état et elle ne savait pas ce que sa présageait, elle ne savait pas comment réagir. Elle se sentait totalement perdue et le comportement d’Harrison, même s’il était prévisible, cela ne l’aidait pas. Essayant de garder son calme le plus possible, elle ajouta seulement : « Je ne sais pas… Je n’ai pas fait de test encore… Mais je n’ai jamais de retard d’habitude… » C’était peut-être un comportement irresponsable mais en réalité elle avait peur, terriblement peur de savoir le résultat. Dans un sens, même si le stress de savoir qu’elle avait du retard et qu’il y avait des possibilités qu’elle soit en enceinte, dans un sens, tant qu’elle ne faisait pas de réels test qui lui donnait la confirmation, elle ne se sent pas enceinte. D’ailleurs, le voyant allumer une clope, ou plutôt le devinant puisqu’elle n’arrivait pas à le regarder, elle vint finalement lui piquer, tant pis, il n’avait qu’à en prendre une autre. Samara ne fume qu’occasionnellement, en soirée ou alors quand elle est été de stress, ici inutile de préciser dans quelle situation elle se trouvait. Ce n’était pas la chose à faire, vu tous les spots tv qu’elle voit à l’heure du petit déjà sur le danger du tabac, surtout chez les femmes enceintes et tout leur baratin mais la belle blonde n’est pas en mesure de réfléchir les idées claires. Ils étaient réellement dans la merde si elle était véritablement enceinte et si… nan mais c’est impossible d’imaginer quoi que ce soit là ! Samara est véritablement perdue, encore plus depuis qu’elle vient de l’annoncer au possible peut-être futur enfant. La cloque entre ses doigts, elle passa l’autre sur son visage, fermant les yeux, comme si cela allait changer quoi que ce soit. « Non mais pourquoi il faut que ça nous tombe dessus ? » Ce n’était pas vraiment une question lui étant adressé, de toute façon il n’y a pas de réponse à donner à ça. Cela n’arrive pas qu’aux autres, il faut toujours avoir cette phrase en tête. C’est sûr que s’ils avaient été sages, ils ne seraient pas dans cette situation. Au lieu de cela, ils avaient fait des folies et voilà le résultat. Mais ils s’étaient à chaque fois protégée non ? Il faut croire que la réponse était bien négative, sinon ils ne seraient pas dans ce cas-là. « Putain quoi, comme si craquer pour mon prof ce n’était pas déjà de trop ! » Le Karma ma chère Sam, le Karma. A force de trop jouer avec le feu, on finit par se bruler, c’est bien connu. Tout aurait été si simple si elle ne l’avait pas eu en tant que professeur. Elle l’aurait peut-être vu dans un bar et aussi séduisant qu’il peut être, elle ne serait peut-être pas venu lui parler et le draguer. Elle avait aimé le risque qu’ils prenaient pour se voir, aujourd’hui c’est autre chose qu’elle aime dans cette relation, sans trop savoir quoi exactement. En tout cas s’il n’avait pas été son professeur, s’il avait eu une autre classe et pas la sienne, tout serait différent et ils ne seraient pas dans cette situation aujourd’hui. Mais dans un sens, Samara sait que si c’était à refaire, elle le ferait, enfin peut-être pas, même sans doute pas, l’histoire du gosse, mais tout le reste en tout cas. Même si elle pousse des coups de gueule très régulièrement sur lui, même si elle le déteste d’avoir autant d’importance pour elle, c’est ainsi !

Elle s’était voilà la face. Cela faisait quelques jours maintenant que son retard l’avait affolé et pourtant, Samara se voilait la face. Elle essayait de ne pas y penser, elle essayait de faire comme si de rien n’était et pourtant là devant lui, elle ne pouvait faire semblant. Complètement stressée, c’est sans réfléchir qu’elle avait pris une cigarette et autant dire que cela n’avait pas plus à Harrison qui lui avait arraché des mains. « C’est bon Harri, commence pas à me saouler là je n’ai pas besoin de ça ! » Ce n’était pas dans ces habitudes de lui parler comme ça même quand ils se prenaient la tête. Mais là, elle était énervé, elle était stressée alors autant dire qu’il en fallait peu pour qu’elle sorte de ses gonds. Prenant sa tête entre ses mains, la jeune femme souffla, il fallait qu’elle se calme et de suite ! Déjà qu’Harrison était en train de péter les plombs, cela n’allait pas le faire si elle s’énervait elle aussi. Oui vous ne rêvez as, c’est bien Samara qui essaye de rester calme alors qu’elle est la première à péter un câble. Mais bon, il faut dire que ce n’est pas bien compliqué, là elle est stressait et une Samara stressait n’est pas une Samara tout à fait normale. Pourtant, en l’entendant continuer à crier ça ne l’aidait pas à rester calme, bien au contraire. Alors, c’est tout naturellement qu’elle se mit une nouvelle fois à lui crier, si fort qu’à l’extérieur de la voiture, on devait sans aucun doute les entendre. « Tu crois que c’est simple ? Tu crois que je n’y ai pas pensé au test ? Mais je flippe ok ? J’ai peur de savoir si oui ou non je porte ce fichu gosse. Tais-toi… juste tais toi ! T’étais pas là, t’étais pas là et j’ai dû gérer ça toute seule alors n’essaye même pas de me faire la morale. » Depuis qu’elle le sait, ou du moins, depuis qu’elle se pose des questions sur une éventuelle grossesse, Samara se sent plus seule que jamais. Dans d’autres situations elle aurait pu se confier à sa meilleure amie ou à d’autre mais là non. Si l’une savait qu’elle est peut-être enceinte, elle va forcément se poser des questions sur le père et toutes les informations qui vont avec. Ouais, elle n’avait pas pu en parler et elle s’était senti seule. Elle aurait dû faire le test, elle le savait mais elle avait peur. En tout cas vu sa réaction, elle aurait dû le faire avant de lui parler mais là, le voir dans ce parking par le plus grand des hasards, elle n’avait pas pu faire comme si de rien n’était plus longtemps. « Tu veux que je te dises quoi ? Que t’es plus que ça alors que moi je ne suis que cette fichue gamine que tu vas voir quand on te laisse tomber ? » La rancœur du silence de ses dernières semaines se faisait sentir. Il était plus que son prof, plus qu’un simple amant, elle le savait, mais elle savait aussi que si elle l’avouer à voix haute, elle allait finir par souffrir. S’attacher n’est pas dans ses habitudes, encore moins pour des personnes qu’elle ne peut décidément pas avoir. Alors qu’il était l’heure d’aller acheter le test, Harri lui demanda qui y allait. Toujours énervée, elle lui montra du doigt la portière qu’il avait cognée un peu plus tôt, elle lui dit limite en criant : « Tu sais quoi ? J’vais aller acheter ce putain de test, t’as qu’à te barrer ! Je n’ai pas besoin de toi ni pour pisser sur ce test à la con, ni pour le reste ! » C’était faux, elle avait besoin lui comme jamais. Pourtant, ça lui brulerait la langue de l’avouer. Elle préférait se montrer fausse, faire la fille forte, ce qu’elle n’était pas pourtant que de lui demander de l’aide. Pourtant, en lui parlant de cela sans même en être certaine montrait que oui, elle avait besoin de lui car elle était incapable de le faire seule. Pour une fois, la forte et autonome Samara avait besoin d’aide. Elle était mal, elle était stressée et énervée contre celui dont elle avait besoin malgré le fait qu’elle voulait le faire fuir. C’était trop, trop pour ses épaules, elle craquait totalement et c’est ses larmes qui le montraient. Même si elle avait du mal à lui cacher, elle ne voulait pas se montrer faible, pas devant lui, pas maintenant alors qu’ils sont en pleine dispute. C’est pour cela qu’elle s’était tourné, regardant par sa vitre, voyant par le reflet ses larmes qu’elle essuyait tant bien que mal.

Perdue, affolée, énervée, sur les nerfs, avait envie de tout envoyer balader, de taper dans un mur, insulter tout le monde et tellement de choses qu’elle avait envie de faire ou d’état d’esprit dont elle était gagné actuellement. Samara qui a l’habitude se fout des filles qui tombent enceintes alors qu’elles ne sont que des ados, c’était peut-être son cas alors qu’elle est au lycée. Le karma vous dites ? Sans doute. « Mais bien sûr, c’est toujours la faute des filles parce qu’elles ne prennent pas la pilule. J’te signale que les préservatifs ça existent, j’te conseillerais d’assister aux cours de Mme Jameson, tu sais ta collègue, la vieille prof d’éducation sexuelle. D’ailleurs ça me fait penser, je n’aurais pas qu’un test à passer, qui sait ce que tu as pu me refiler en plus d’un mioche ! » Elle était dure mais c’était un moyen pour elle de se protéger, au moins cette protection, elle ne risque pas de péter et refiler des MST. Nan mais ça, ça serait le comble quand même, d’être en cloque et avoir une maladie sexuellement transmissible. En lui disant cela, Samara appuyait bien évidement sur le fait qu’il pouvait lui refiler n’importe quoi car il couche avec tout le monde, contrairement à elle, bien qu’on puisse émettre un doute la dessus. « Bah ouais, t’es le troisième à qui j’en parle, il faut que j’en parle à cinq autres. T’en fais pas t’as qu’une chance sur huit d’être l’heureux élu ! » Dit-elle en levant les yeux au ciel. Elle le prenait mal le fait qu’il puisse douter de sa peut-être paternité. Comme s’il était celui vers qui elle se tournerait pour en parler si elle n‘en était pas sûr. Bon ok, elle drague et est plus proche d’ordinaire de lui, mais là, être enceinte de lui, ce n’était pas une bonne chose, pas du tout même. « Sérieusement Harri’, tu crois vraiment que j’aurais pris la peine de t’en parler si je n’étais pas certaine que tu es le père de ce truc ? » Truc, c’était comme ça qu’elle appelait leur possible futur enfant. En même temps, elle compliqué déjà assez, il ne fallait pas non plus qu’elle en rajoute en visualisant parfaitement ce qui était en train de peut-être grandir dans son ventre.

Cela allait loin, beaucoup trop loin mais vu la situation on pouvait les comprendre. Ils sont tous les deux dans la merde s’il s’avère que ce n’est pas qu’une fausse alerte. Qu’est-ce qu’elle va faire avec un gosse à son âge ? Alors que le père est son professeur en plus ? Il va se faire virer, elle va se faire virer à la fois des cours mais aussi de chez ses grands-parents. Ses parents vont croire qu’elle ment depuis des années… C’était ça ce qui les attendait, mais en attendant ils n’avaient pas le choix. C’est à deux qu’ils se sont mis dans une merde pareil. « Ah parce que tu crois quoi toi ? Tu crois que j’vais faire semblant de porter ton gosse pour qu’on joue au papa et à la maman ? Que j’imagine que je vais te garder en inventant une histoire à la con ? Si tu le crois vraiment c’est que tu ne me connais pas, que tu ne m’as jamais connu et que oui il vaut mieux qu’on arrête de se voir dès maintenant. » Elle était tellement sur les nerfs qu’elle pensait ce qu’elle disait. Il vaut mieux arrêter maintenant, vu que ces derniers temps dès qu’ils se voient c’est limite s’ils ne finissent pas par se taper dessus. Seulement là, alors qu’elle est peut-être enceinte, ce n’est vraiment pas le moment d’avoir ce genre de discours. Alors qu’Harrison parti en claquant la portière, laissant une Samara complètement perdue et au bout du rouleau, il revient vers sa propre portière et la força à ouvrir la vitre pour lui donner 20 dollars, repartant aussitôt. Ah ouais, c’était bien trop simple de fuir comme ça et elle ne va pas le laisser faire. Alors comme toujours pour le faire rester, Samara lui cria, espérant qu’il reste non pas pour être là pour elle mais tout simplement parce qu’il n’avait pas le droit de fuir, de prendre ses jambes à son cou, bien que c’est elle qui lui ait spécifié qu’il n’avait qu’à se barrer. « T’es trop généreux, par contre ne crois pas que je vais t’envoyer quoi que ce soit. Après tout, s’il est positif, ça m’étonnerais que tu veuilles le savoir ! » Vu comment c’est parti, il ne vaut mieux pas qu’elle se trouve enceinte. Déjà qu’à la base elle ne veut pas d’enfant, surtout pas à cet âge-là alors qu’elle n’a pas encore passé le bac mais seule, elle s’est même pas la peine. Vu sa réaction, vu leur engueulade une nouvelle fois, il fallait vraiment que ce soit une fausse alerte et que le test qu’elle allait acheter va lui annoncer tout bêtement que c’est négatif. Oui, il faut vraiment espérer sinon ils vont être dans la merde, du moins surtout elle car elle, elle ne peut pas se barrer là de suite en fuyant ses responsabilités, pas comme lui pouvait le faire et dont elle sentait qu’il allait faire…

Il fallait mieux espérer que les quelques passants qui n’étaient pas loin ne les connaissaient pas, pas assez du moins pour savoir qu’il est à la base son professeur et elle son élève, en élève de terminal en plus, ce n’est pas comme si elle était à l’université. Il faut dire que là, c’est loin de ressembler à une dispute prof élève parce qu’il lui aurait une mauvaise note ou elle serait en retenu à cause de lui. C’était bien différent, on pouvait lire sur leur visage la collègue et la déception. Samara était déçu, oui, elle prenait très mal ce qu’il lui disait, comme quoi elle n’était qu’une histoire de fesse, que lui avait une famille et qu’il avait pas besoin d’une emmerde avec une « gamine de 18 ans » pour bien le citer. Comme si elle n’avait été que ça. Sam’ avait du mal à le croire, pas après ce qu’ils avaient vécu même s’ils ne s’étaient jamais exprimés ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Mais bon, là elle avait mal et n’était pas tout à fait apte à réfléchir si oui ou non il mentait ou si elle s’était fait des films, comme d’habitude. En tout cas, la jolie blonde ne voulait pas qu’il voit sa déception alors encore une fois, elle se mit à crier, augmentant par la même occasion le volume sonore : « Vas te faire foutre Harri ! Il nous reste qu’une chose à faire en commun toi et moi, prier, prier pour ne pas que je porte ton gosse. Au moins, on n’aura plus rien à voir l’un avec l’autre. » Ce n’était pas la vérité. Elle ne voulait pas couper les ponts avec lui, enfin vu comment ils se comportent l’un avec l’autre là, on peut se demander pourquoi. Pourquoi elle ne veut pas mettre une fin définitive à cette relation qui ne lui emmène que des emmerdes et des souffrances. Ça serait peut-être plus simple pour tout le monde, pourtant, ils n’arrivent pas à rester éloigner. Là était-ce la fin ? Elle n’en savait fichtrement rien et ne veut même pas imaginer ce genre de chose là maintenant.

Samara eu assez peur en le voyant complètement furieux, ouvrir sa portière et la tirer par le bras pour qu’elle se trouve face à lui. Il y a vraiment des moments, quand elle le voit comme ça, Harrison lui fait peur, ne sachant pas vraiment ce qu’il avait en tête, connaissant son impulsivité. « Harri lâches moi tu me fais mal ! » Dit-elle, les dents serrées, d’une voix assez faible pour s’assurer qu’il était bien le seul à pouvoir l’entendre. Déjà qu’ils se montraient en spectacle, il ne valait mieux pas que les passants prennent ça pour une agression ou encore pour un mec violent qui bat peut-être sa nana. C’est bon, ils n’ont pas besoin que des inconnus – ou non – viennent s’occuper de leur histoire. Alors qu’il lui faisait comprendre qu’il était aussi impliqué, lui lançant un regard noir, elle lui cracha un : « D’accord, j’vais le faire ce test à la con. Plus vite j’aurais pissé dessus, plus vite on sera fixé et plus vite on pourra mener notre vie chacun de notre côté. » Enfin, si jamais il se trouve être négatif bien entendu. S’il était positif ils… ils seraient franchement dans la merde, l’un comme l’autre. Attrapant alors le billet de vingt dollars canadiens qui était sur son siège, elle ferma la portière, verrouilla les portière puis lui dit sèchement : « Je présume qu’un simple texto te suffira, prépares toi à effacer mon numéro de ton répertoire, si ce n’est pas déjà fait ! » Ils étaient bien trop en colère pour se parler autrement ou envisager de se revoir. De toute façon, Sam part du principe qu’elle n’est pas enceinte. Enfin, vaut mieux ne pas partir défaitiste non ? En tout cas, c’est tremblante qu’elle s’était dirigée vers le supermarché. Le simple fait d’en acheter un et de faire le test lui faisait la trouille, alors imaginez la tête qu’elle ferrait si c’était finalement positif !