Expérience de mort imminente (EMI) est une expression désignant un ensemble de « visions » et de « sensations » consécutives à une mort clinique ou à un coma avancé. Ces expériences correspondent à une caractérisation récurrente et spécifique contenant notamment : la décorporation, la vision complète de sa propre existence, la vision d’un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles, la vision d’une lumière, un sentiment d'amour infini, de paix et de tranquillité, l'impression d'une expérience ineffable et d’union avec des principes divins ou supranormaux...Aux portes de la mort...
« Je n’ai plus de pouls ! » S’écria l’un des hommes en blouse blanche.
« Docteur, nous sommes en train de la perdre ! » Froid, calme et concentré, le responsable de l’intervention se retourne vers le chariot de réanimation.
« Reculez ! On la choque à deux cent. » Manifesta ledit docteur tout en chargeant le défibrillateur. D’un geste mécanique, pour ne pas dire routinier, il appose les deux surfaces de l’appareil sur le buste de la patiente.
« 3, 2, 1… Envoyé ! » Le corps se secoue sous l’impulsion de la décharge. Mais aucune variante, aucun pouls.
« On la choque encore, montez la pression à deux cent vingt ! » Frottant les deux parois de l’appareil, le docteur replace le défibrillateur au même endroit.
« Prêt ? On choque ! » Une nouvelle secousse. Le corps se soulève à nouveau. Mais toujours rien. Absolument rien ne bouge sur les appareils de contrôle.
« Donnez-moi plus de jus ! Il faut la ramener ! » Beugla-t-il à ses collègues pendant qu’il s’acharnait avec la ferme volonté de ne pas perdre sa patiente.
Allongée sur la table d’opération, Sydney demeure les yeux clos. Un tube traverse sa bouche, disparaissant en son sein. Ses bras sont décorés de plusieurs fils reliés à des baxters et autres liquides thérapeutiques. Entièrement dévêtue, son corps ne porte plus que son shorty, laissant ainsi apparaître l’entièreté de sa peau nacré aux yeux des intervenants tentant de la soigner. A hauteur de son flanc droit, on peut constater la présence d’une lourde blessure, causée par le tir d’un fusil à pompe. L’un de ses poignets semblent endommagé alors que, sur son front, on distincte très nettement la présence d’un crin, ayant laissé s’échapper un fin filet de sang jusqu’à la hauteur du sourcil de la jeune femme. Cœur touché et corps meurtri, Sydney n’a pourtant nullement conscience de ses blessures et de l’état de mort vers lequel elle s’avance de plus en plus. Non, loin de toute douleur, elle se sent emmitouflée d’une chaleur envahissante, contrastant avec un froid paradoxal, glacial à souhait, mais qui semble plus confortable qu’effrayant. Dans cet inconnu, la jeune femme plane.
Tout est sombre, tout est noir. Il ne faut pourtant qu’un fragment de secondes pour qu’un grand éclair blanc apparaisse devant ses yeux. Sydney apparait alors vêtue, couverte de son habit traditionnel : un jeans, une chemise et une veste en cuir sur les épaules. Le paysage qui se décrit devant ses yeux lui est plus que familier. Une petite maisonnée simple, dont se dégagent un parfum chaleureux et une chaleur accueillante. Debout dans le jardin, elle fait face à la véranda de l’habitation. La tête se tournant de droite à gauche, Sydney peut constater la présence de cette balançoire qu’elle ne connait que trop bien. De même pour ce petit parterre de fleurs que ne cessait d’entretenir sa mère. Et sans oublier le petit atelier en bois, sous forme de cabanon, que son père avait construit et où il se plaisait à travailler le bois sous tous ses aspects. Une odeur de famille heureuse et complète baignait dans l’atmosphère, et c’est avec un sourire non retenu que Sydney s’apprêtait à s’avancer vers l’intérieur de la maison. Pourtant, au premier pas réalisé, un petit couic attire son attention. Elle se penche et saisit l’objet. Elle n’avait plus vu ce jouet depuis des années !
« Oh, Syd ! Super, tu l’as retrouvé ! » Redressant son visage aussi sec, tel un éclair vif, Sydney posa son regard sur la silhouette de Jenna, sa petite sœur, de trois ans sa cadette. Cette dernière courra vers l’ainée avec son éternel jean et son haut noir à fines bretelles. De par l’apparence de ses traits, Jenna n’avait que treize ans.
« Jenna ? C’est bien toi ? » Réprima Sydney, la bouche entrouverte, ne pouvant retenir un sourire alors que ses sourcils se froncèrent de manière circonspecte.
« Mais… Mais tu… » Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Jenna attrapa son jouet et serra aussitôt sa grande sœur dans ses bras.
« Oui, toi aussi tu m’as manqué grande sœur ! » Se laissant aller à cette étreinte, Sydney ne pouvait s’empêcher de demeurer sourcil froncé. Certes, elle était contente de revoir sa sœur mais, cela n’était pas rationnel, ni même logique. A moins qu’elle ne soit dans un énorme rêve ?
Bien qu’elle n’avait que trois ans lorsque sa petite sœur est venue au monde, Sydney fut automatiquement très proche de sa cadette, si bien qu’on ne pouvait jamais les séparer lorsqu’elles étaient petites. Deux sœurs de trois années d’écart mais qui se comportaient néanmoins comme deux jumelles on ne peut plus inséparables. Et, déjà très tôt, l’on pouvait observer la différence de caractère qui se faisait entre les deux. Sydney était plus calme et plus sage alors que Jenna était une véritable chipie espiègle qui n’arrêtait pas de se faire remarquer pour ses bêtises. Mais, dès qu’il y avait une bêtise, Sydney tentait à chaque fois, et vainement, de se faire gronder à la place de son petit trésor. Si ce n’est que les parents n’étaient pas dupes. Sans doute est-ce la raison pour laquelle, en grandissant avec les années, Sydney se laissa influencer par Jenna, si bien qu’elles finirent par faire leurs quatre cent coup de petites filles ensemble.
Il y a toujours eu énormément de complicité et de dialogue entre les deux sœurs. Tout du moins, tels furent les choses jusqu’à la période de l’adolescence. C’est à partir de ses treize quatorze ans que Sydney se détacha quelque peu de sa petite sœur. Non pas qu’elle n’était plus présente, qu’elle ne l’aimait plus. Mais Sydney devenait une jeune fille. Elle commençait à avoir de nouveaux amis, à avoir des premières sorties auxquelles Jenna n’avait pas droit. Et cette liberté d’avance fut souvent source de disputes et de chamailleries entre les deux sœurs. Cela ne s’arrangea d’ailleurs pas lorsque ce fut autour de Jenna de rentrer dans ‘l’âge bête’ ! Une entrée en matière beaucoup plus fracassante que celle de Sydney en l’occurrence. De mauvaises rencontres, de mauvaises fréquentations. Jenna prenait peu à peu un nouveau visage de fille rebelle et révoltée qui causa énormément de dégâts dans l’entente familiale globale et, surtout, dans l’entente avec sa sœur.
Pourtant, toutes les deux continuaient de s’aimer énormément, et de tenir incroyablement à l’autre. Le problème survenait de la cassure de leur communication et de leur proximité. Et même si les temps étaient dures pour le lien fraternel, Sydney gardait espoir que tout finirait par s’arranger, qu’elles finiraient par se retrouver à un moment donné. Si ce n’est que le destin en avait décidé autrement, et que les seuls retrouvailles qu’elle put vivre avec Jenna, ce fut lorsque l’on retrouva le corps sans vie de cette dernière. Une sortie nocturne au cinéma avec des amies de sa classe. Jenna n’avait que treize ans. Un véhicule qui surgit à la sortie du ciné. Les fillettes enlevées. Et Jenna fut choisie pour être la seule victime de cette atrocité. Voilà pourquoi Sydney eut cette sensation de rêve. Et voilà pourquoi se voulait-elle aussi heureuse que troublée et perturbée de tenir sa sœur entre ses bras…
Relâchant son étreinte, Jenna tint son jouet, son doudou couineur dans une main et prit la main de son aînée dans l’autre.
« Comment vont papa et maman dis-moi ? » Assimilant la situation, et se laissant également emporter par un certain naturel, Sydney répondit en toute simplicité, ne s’inquiétant nullement d’avoir cette conversation.
« Ils vont bien. Enfin, je suppose… » « Ah ? Tu ne leur parle plus ? » S’étonna Jenna.
« Ce n’est pas qu’on ne se parle plus mais, tu sais, après ton départ, et le mien pour l’université… Disons qu’on ne se voit pratiquement plus, à part un coup de fil de temps à autres quoi… » « Oh… » Jenna baissa la tête, pour ainsi dire visiblement déçue.
« Mais ils vont bien hein ? » Sydney arracha un petit sourire en serrant d’avantage la main de sa sœur dans la sienne.
« Oui, ne t’en fait pas. Papa est toujours enfermé dans son atelier à sculpter et, maman, elle tient toujours sa pâtisserie sur le coin de la 7ème. » Le sourire regagne le visage de Jenna.
« Oh oui, ses pâtisseries… Et tous les gâteaux qu’elle nous faisait ! Hum, j’en ai encore l’eau à la bouche ! » Rit-elle, rapidement rejointe par le rire de Sydney.
« Dis, tu penses que tu pourrais leur dire que je pense très fort à eux ? Et que… Enfin… Que je suis désolée pour tout ce que je vous ai fait voir avant de… partir… ? » Elle s’était arrêtée et glissa devant Sydney afin de lui faire face.
« Tu penses que tu peux faire ça pour moi grande soeur ? » L’aînée hocha de la tête dans un tendre sourire, laissant sa main libre venir caresser la joue de sa sœur.
« Bien sûr que je le peux… »Après une nouvelle étreinte échangée, et un gros bisous offert par Jenna sur la joue de Sydney, la petite sœur entraîna son aînée à l’intérieur de la maison de leur enfance. Rien n’avait bougé, rien n’avait changé, tout était identique. Jenna emmena sa sœur à travers toute la maison, partageant avec elle des souvenirs communs de leur enfance et de leur adolescence mais, toujours, en répétant ceci :
« Il faut qu’on se dépêche, on n’a pas beaucoup de temps ! » Sydney ne cessait de s’interroger sur le pourquoi sa sœur ne cessait de lui répéter ça. Mais, lorsqu’elle franchit le seuil de la porte de l’ancienne chambre de Jenna, tout devint nettement plus clair.
« Ne fais pas attention au désordre frangine, je rangerai ça quand tu seras partie. » Sourit-elle en s’avançant vers son lit. Les yeux plissés, comme si elle essayait de trouver des indices ou des réponses, Sydney vint rejoindre lentement sa sœur. Arrivant à sa hauteur, Sydney écarquilla les yeux de surprises. L’entièreté du lit de Jenna était composée d’articles, de coupures de presses et de dossiers judiciaires de toutes les affaires que Sydney avait eu à traiter jusqu’alors.
« Où est-ce que je l’ai mis… » Marmonna Jenna entre ses dents, farfouillant entre tous les dossiers et tous les papiers présents.
« Qu’est-ce que tu cherches ? » « Ah, ça y est ! » Jenna se redressa subitement en tenant fermement de ses deux mains le dossier de sa disparition.
« Je voulais que tu vois ça… » Se retourna-t-elle vers Sydney en lui tendant le dossier.
« Je me disais que cela pourrait peut-être t’aider ! »L’affaire concernant la mort de Jenna n’avait jamais pu être résolu. Cela avait été le fer de lance, le moteur pour Sydney dans le choix de ses études de criminologie. En ce malheur traversé par sa famille, elle avait trouvé à la fois sa voie mais, aussi, la plus grande source de motivation pouvant exister. Toutefois, malgré des études menées avec brio et une carrière dont elle n’avait pas à rougir, Sydney ne put jamais résoudre l’affaire, et ne sut jamais mettre un nom sur le coupable de ces atrocités. Ouvrant le dossier, Sydney commença à l’éplucher. Elle parcouru les rapports qu’elle connaissait déjà : lieu où l’on avait retrouvé le corps, les marques de blessures ainsi que le calibre des balles utilisées, la liste des suspects… ET une feuille décorée d’un portrait-robot accompagné d’un nom et d’un prénom.
« Qui est-ce ? » Demanda aussitôt Sydney en saisissant la feuille, la relevant à l’attention de Jenna.
« C’est… » Il y eu un grand flash.
« Mince, on n’a plus le temps… » « Comment ça ? » Un nouveau flash aveuglant apparu devant les yeux de Sydney.
« Tu dois repartir grande sœur. Tu dois retourner là-bas et me promettre de dire ce que je t’ai dis à papa et maman. » La chambre, la maison, l’ensemble des lieux commença à s’étendre dans une forme de tunnel chromatique flou.
« Et retiens ce nom, reprends à partir de cette piste sans rien négliger… » La voix de Jenna se faisait de plus en plus lointaine, tel un écho. Sydney ne tenait plus rien entre ses mains. Elle ne voyait que sa main se tendre vers sa sœur pendant que tout redevenait noir.
« Je t’aime Sydney… »Le retour à la vie...
« On lui a tiré dessus durant une intervention… » « Votre fiancée a été cliniquement morte pendant douze minutes… » « Les prochaines vingt-quatre heures seront décisives… » « Désolé Dwight… J’ai essayé de la couvrir… » « Il se peut qu’il y ait des risques de complications cérébrales… » « On a arrêté cette enflure Syd’, il payera pour ça… » « Ma chérie, ne m’abandonne pas… Reviens-moi, je t’aime… »Des voix qui résonnent. Un écho assourdissant. La chaleur d’une main tenant fermement la sienne lui arrache une sensation de frisson. Ses paupières frémissent, ses yeux s’entrouvrent : Sydney se réveille !
Le plafond de la chambre d’hôpital lui apparait totalement flou, comme si ses yeux étaient un objectif d’appareil photo tentant de faire le point sur l’image qu’il fixait. Sa tête est lourde, douloureuse. Sans avoir encore totalement conscience de son environnement, Sydney relève sa main libre vers son front. Elle sent un pansement à l’emplacement du crin qu’elle eut reçu. Ca fait mal. Ca lui lance comme une migraine. Elle se sent pataude, nauséeuse, vaseuse.
« Chérie ? » Alerté par le mouvement, la tête de son fiancé endormi quitte ses songes et redresse le regard vers sa moitié. Sydney arrache un fin sourire malgré la douleur.
« Coucou toi… » Siffle-t-elle très faiblement, la voix enrouée et faiblarde.
« Tu vas bien ? » Un petit haussement d’épaules accompagné d’un rire nerveux, Dwight secoue sa tête.
« C’est plutôt à toi qu’il faudrait demander ça… » réagit-il en venant glisser sa main libre sur le sommet du crâne de Sydney, caressant et remettant le sommet de ses cheveux en place.
« Tu sais que tu es une miraculée ? » Le sourire de Sydney restait figé.
« Il faut toujours que tu exagères, hein ? » Le corps du fiancé se redressa pour se pencher aussitôt vers le front de la brunette, y déposant un petit baiser.
« J’ai vraiment cru te perdre, tu sais ? » « Il en faut plus que ça pour m’abattre chéri, tu devrais le savoir… » Tenta-t-elle de le rassurer, profitant de la main qu’il avait posé sur la sienne pour venir entrelacer ses doigts et les serrer aussi fort qu’elle le pouvait.
Sydney n’a pas eu beaucoup d’hommes et de relations dans sa vie. A la frivolité des flirts, elle avait toujours préféré la simplicité d’une amitié et d’une bonne entente. Non pas qu’elle se voulait frigide ou totalement désintéressée mais, non, elle ne ressentit jamais ce besoin de papillonner à droite et gauche, préférant la stabilité d’une relation bonne, saine et sérieuse. Pourtant, comme plein d’autres petites filles avant elle, elle avait aussi eu ses rêves de prince charmant. Ses idéaux romantiques du grand amour, du coup de foudre et des belles histoires passionnées qui pouvaient animés tant de couples. Mais, jamais elle ne trouva un de ces aspect dans chacune de ses relations et, ce, depuis son tout premier baiser. Elle avait été surprise de ne pas ressentir d’avantage de ‘sensation’ que ça. Ce fut la même chose pour sa première fois. C’était ‘bien’ mais sans plus, et il en a toujours été ainsi pour chacun de ses baisers ou chacun de ses rapports intimes. Et bien malheureusement pour lui, Dwight n’y échappait pas.
Sydney fit la connaissance de Dwight à Chicago, lorsqu’elle quitta son Canada natal pour aller étudier à l’université dans ce bon vieux pays de l’Oncle Sam. Tous deux étudiants en première année de psychologie, il y eut comme un forme d’alchimie entre eux dès le premier instant, laissant d’ailleurs entrevoir à Sydney l’espérance d’avoir ENFIN trouvé LA relation. Ils se tournèrent autour pendant plusieurs semaines avant que ne s’échange leur premier baiser, et que débute dès lors leur histoire. Mais, autant pouvait-il être un petit ami parfait que Sydney n’arrivait pas à ressentir ce brasier de passion comme on lit tellement dans les romans. Non, ce qui la faisait rester avec Dwight, c’est le fait qu’il était à la fois un bon confident, un meilleur ami hors pair et qu’il se voulait tellement prévenant et attentionné vis-à-vis d’elle qu’elle ne pouvait s’en sentir que touchée. Elle l’aimait, à sa manière certes, peut-être pas amoureusement mais, oui, elle avait beaucoup d’affections et de sentiments pour lui. Et, pensant ne jamais pouvoir trouver plus, elle se lança avec lui dans la construction de cette relation qui perdura à travers le temps.
Il avait finalement dévié vers la sociologie alors qu’elle continua ses études de psychologies et se spécialisa plus particulièrement dans la criminologie. Loin de ses parents, loin du souvenir de la mort de sa sœur et loin de sa ville natale, elle construisit peu à peu cette ‘nouvelle’ vie. Elle prenait en main la direction que sa destinée de femme lui imposait. Telle est la raison pour laquelle nos deux tourtereaux construisirent leurs nids au sein de New-York et se lancèrent, ensemble, dans le rythme effréné de la vie active. Une vie de couple saine et équilibrée s’offrait à eux, avec le mérite d’être perçu par leurs connaissances communes comme deux âmes sœurs que rien ne pouvait ébranler. Si ce n’est une rencontre, une personne, une soirée… Un moment magique et inoubliable que Sydney ne cesse de vouloir effacer de sa mémoire jour après jour, et nuit après nuit…
Cela remonte à l’hiver 2010. Sydney était sur une enquête d’un tueur en série sévissant dans les rues de Chicago. Dans le cadre de cette enquête, elle fut amenée à interroger une blonde qui fut, bien malgré elle, parmi les rares témoins de l’enquête. Dès le début dudit interrogatoire, la blonde se positionna dans une attitude assez revêche, rebelle, arrogante et provocante. Un étrange mélange entre la délinquante des rues et le personnage sulfureux de Sharon Stone dans Basic Instinct. Par chaque réponse, par chaque intervention, elle essayait de se jouer de Sydney et de la déstabiliser autant que possible. Ce qui ne fut pas sans réussite étant donné que la criminologue eut énormément de difficulté à masquer les troubles que lui provoquaient la blonde incendiaire. De cette rencontre en suivit une autre, deux jours plus tard. Sydney s’était rendue au domicile de la jeune femme pour un complément d’information… Si ce n’est que l’interrogatoire prit une suite inattendue lorsque le corps de la brune se retrouva sous les assauts passionnels d’une blonde dévorante. Un instant intense, sauvage, passionnelle, magique et unique. Pour la première fois de sa vie, Sydney s’était sentie vibrée, s’était sentie vivante, s’était sentie sensible et jouissive dans les bras d’une personne… Et plus précisément d’une femme ! L’émotion ressentie fut si forte que la brune ne put retenir ses larmes durant cet instant charnel. Non pas de honte, de chagrin ou de douleur. Mais simplement d’une émotion jusqu’alors espéré et jamais ressentie avant cet instant.
De cet égarement, Sydney préféra en garder le souvenir d’un simple dérapage qui ne se reproduirait plus. Elle avait son foyer avec Dwight. Elle se persuadait du véritable bonheur qu’elle vivait à ses côtés et, de plus, elle n’aurait jamais mis tout cela en péril pour un simple coup d’un soir. Pourtant, même des années après, Sydney ne peut s’empêcher d’y repenser. Sydney ne peut se retenir de revivre cet instant interdit et diablement jouissif que fut ce moment. Tout comme elle n’a jamais plus oublier le visage de cette blonde et de ce ‘pouvoir’ qu’elle avait su avoir sur elle durant cette soirée de folie.
« Le médecin attendait que tu te réveilles mais, il n’était pas très optimiste, tu sais ? » La main de Dwight caressait le visage de sa fiancée qui venait lover sa joue contre la paume de cette dernière.
« Il ne te donnait plus que vingt-quatre heures pour trancher… » Elle ferma les yeux quelques secondes avant de secouer très légèrement sa tête.
« Autrement dit, je me suis réveillée à temps ? » Il laissa échapper un petit rictus tout en opinant du chef.
« On peut dire ça, oui… » Elle posa son regard sur le sien et demeura ainsi, immobile, à le fixer tendrement.
« J’espère qu’il me laissera rentrer rapidement… » « On verra ! L’important, c’est que tu te reposes et que tu récupères. Ce n’est pas rien ce que tu viens de ‘vivre’, mon cœur. » Leurs tons étaient à chacun très doux, très délicats. De fines paroles véhiculées avec la tendresse omniprésente dans leur relation depuis toujours.
« On verra… Mais je tiens pas à moisir plusieurs semaines ici non plus… » Une petite moue de fillette boudeuse se forma sur son visage avant qu’un fin rire ne reprenne possession de ses lèvres.
« T’es pas croyable… Mais bon, c’est comme ça que je t’aime après tout… » Et sans se formaliser, il se redressa à nouveau mais, cette fois-ci, en venant déposer un baiser sur sa bouche.
« Moi aussi trésor. » Elle lui fit un clin d’œil et poussa, de suite, un petit soupir. C’est alors que, comme un flash lui revenant en mémoire, elle fronça les sourcils, laissant son regard glissé à hauteur du torse de son fiancé.
« Dis-moi chéri, tu pourrais faire une recherche pour moi ? » « Oui, bien sûr. Tu as besoin de quoi ? » « Tu as de quoi noter ? » Il fouilla l’intérieur de son veston et en ressortit un stylo ainsi qu’un bout de papier. Sydney lui indiqua alors le nom indiqué par sa sœur dans son rêve.
« Qui est-ce ? » S’enquit aussitôt Dwight.
« Hum, je t’expliquerai plus tard. Essaie juste de savoir où je peux le trouver… » « Ca marche, je ferai ça ! » « Oh et, aussi, tu pourras contacter mes parents s’il te plait ? J’ai un message à leur faire passé… » Dwight fronça un peu plus les sourcils.
« Euh, d’accord oui. Et quel genre de message ? » Sydney se rallongea entièrement sur le dos, ses yeux regagnant le plafond.
« C’est une longue histoire… »Retour au bercail...
underco.