« Maman !!! Louka veut pas jouer avec moi !!! » Du haut de mes trois ans, j'avais déjà mon petit caractère. Je n'étais pas capricieuse, j'étais seulement assez têtue. Quand je voulais un truc, je n'y allais pas par quatre chemins pour arriver à mes fins. Au risque de casser les oreilles à mes parents et à mon frère. N'allez pas croire que j'étais une enfant pourris gâtée, loin de là. Il arrivait parfois qu'on me disent non. C'était rare, mais cela arrivait. On pouvait difficilement me refuser quoique ce soit. C'était l'avantage d'être la cadette de la famille. J'ai vécu une enfance vachement chouette. J'avais des parents extraordinaires, une chambre rose bonbon, des tonnes de barbies et j'avais le meilleur compagnon de jeu du monde ; mon grand frère Louka. À vrai dire, je n'aurais pas pu rêver mieux. De plus, mes parents m'ont assez bien élevée. Même s'ils résistaient difficilement au moindre de mes caprices d'enfant, j'ai vite appris que dans la vie, on ne pouvait pas avoir tout ce qu'on voulait. À moins d'être riche et c'était loin d'être notre cas. Nous n'étions pas pauvre, mais nous ne mangeons pas du caviar pour le petit-déjeuner non plus. On avait une belle vie, tous les quatre, comme une vraie famille unie. J'avais de la chance, beaucoup même. Ce n'est pas tous les enfants qui peuvent se vanter d'avoir vécu une enfance aussi agréable. Durant cette période, j'ai développée un certain goût pour l'écriture. À cinq ans, j'avais déjà mon propre journal intime. J'avoue que c'était plutôt illisible, en général. J'aimais également jouer du piano et pousser la chansonnette de temps en temps. D'ailleurs, je continue à le faire aujourd'hui. Ça m'aide à me vide la tête et à oublier les petits soucis de la vie.

Puis vint la période de la vie où une petite fille devient une jeune femme ; l'adolescence. Inutile préciser que j'avais dû me faire à l'idée qu'à tous les mois, je risquais de mourir vider entièrement de mon sang. Bon d'accord, j'exagère. Sérieusement, c'est à ce moment-là que je suis entrée au lycée. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais une bonne élève, mais j'étais dans la moyenne. J'adorais le français et j'avais les meilleures notes de la classe dans cette matière. C'est aussi à ce moment-là que j'ai commencée à m'intéresser de près à gent masculin. Je pouvais faire une croix sur tous les potes de mon frère qui m'ont pratiquement vu grandir. Pour eux, j'étais '' la petite soeur de Louka '' et non '' Pandora, la deesse Irlandaise ''. De toute façon, je l'ai considèrait tous un peu comme mes potes. J'avais également ma petite troupe de copines avec qui j'adorais délirer et faire la fête. Même si je me préoccupais beaucoup de mes études, je trouvais toujours le temps de m'amuser. Avec ou sans mon frère. Disons que depuis qu'il était avec sa petite amie Aliénor, on se voyait un peu moins qu'avant. Faut dire qu'ils étaient toujours fourré ensemble. Je n'étais pas jalouse, au contraire j'étais heureuse pour lui. Ali était une chouette fille avec une belle personnalité et j'espérais beaucoup qu'elle devienne officiellement ma belle-soeur. Pour ma part, j'ai connue quelques histoires de coeur qui n'ont pas été couronnée de succès. Bien que les Irlandais avaient beaucoup de charme, je n'avais pas réussi à trouver chaussure à mon pied. Je me disais que j'avais tout le temps devant moi, je n'étais pas pressée. J'avais d'autres préoccupations en tête. Je voulais devenir journaliste et j'avais envie d'être indépendante le plus tôt possible. J'adorais l'Irlande, j'adorais mon coin de perdu dans le Galaway, j'adorais mes parents et j'adorais mon frère, mais il y avait tellement plus de possibilités ailleurs. Je voulais aussi voir de nouveaux horizons et pouvoir voler de mes propres ailes, même si j'admets manquer légèrement de maturité. Ainsi, après le lycée, je pris la décision de m'inscrire dans un programme en journalisme à Winnipeg, dans le Canada. Pour être indépendante, j'allais l'être. Je partais à l'autre bout du monde. Je savais que je ne pourrais plus compter sur maman ou papa ni Lou pour me dépanner, en cas de pépins.

Je parta en terre canadienne pour débuter une toute nouvelle vie. J'ai déménagé à Snowflake Lane, pour être exact. Cela fut loin d'être facile pour moi de quitter ma famille et mes amies. En particulier mon frère Louka. J'ai toujours été très proche de lui. Pas seulement à cause que nous étions frère et soeur. Nous avions toujours eu un lien très spécial et ce n'était pas la distance qui changerait cela. On restait en contact, on se parlait tous les jours via le téléphone ou skype. Je lui parlais de ma vie et vice versa. Quelques fois, je parlais avec mes parents qui me répétaient constamment de ne pas oublier mes origines irlandaises. Aucune chance. J'aimais trop mon accent pour m'en défaire. Après tout, cela faisait partie de mon charme naturelle. Bien que mes études se déroulaient à merveille et que j'avais réussi à me faire quelques amies, je sentais qu'il me manquait quelque chose. Ou quelqu'un. J'avais besoin de mon frère. Vous comprendrez que j'ai sautée de joie quand j'ai su qu'il avait l'intention de venir s'installer à Snowflake Lane. « Je suis trop contente, tu ne peux pas savoir à quel point ! Et félicitation pour tes fiançailles avec Aliénor ! » En plus de venir habiter près de moi, il allait également dire oui à l'amour de sa vie devant le maire de la ville. Pour l'occasion, toute la famille serait réuni au grand complet. Ma mère avait insisté pour que je participe aux préparatifs du mariage. Connaissant ma mère, j'aurais volontiers passé mon tour. J'ai eu droit à des reproches de sa part, à propos du fait que j'étais encore célibataire. « À ton âge, j'étais déjà mariée avec ton père. Je crois même que j'étais enceinte de ton frère ! » Par chance, le mariage de Louka avait réussi à détourner son attention de moi. Ce ne fut pas un grand mariage comme dans les films. En fait, c'était plutôt intime comme cérémonie. Probablement que c'était mieux comme ça. Pour des raisons évidentes, je n'ai pas parlée avec mon frère durant son voyage de noce. Bien que j'aurais eu une excellente raison de l'appeler. Étrangement, la veille de leur départ, j'avais eu un mauvais pressentiment. J'avais d'abord cru que mon imagination me jouait des tours. Du coup, je n'en ai pas parlé à personne. Si seulement j'avais su que mes inquiétudes étaient fondées, j'aurais agi autrement.

Cela faisait à peine quelques jours que les nouveaux mariées étaient parties à Hawaï qu'un coup de téléphone vint chambouler mon quotidien. Mon frère et ma belle-soeur avait eu un terrible accident. Ils étaient tous les deux dans le coma, mais Aliénor se réveilla après huit mois. Grande surprise, elle était enceinte et elle donna naissance à une petite fille. Aveleen, ma nièce. L'enfant miracle, comme disait ma mère. Seulement, je ne pouvais pas me réjouir entièrement, elle était atteinte d'une leucémie. Elle venait à peine de naitre, qu'elle devait déjà se battre pour sa vie. Sans parler du fait que mon frère se trouvait toujours dans le coma. Les médecins ignoraient s'il allait se réveiller un jour et si c'était le cas, il ne reconnaîtrait personne. L'impact de l'accident l'avait rendue amnésique. Si les médecins avaient des doutes sur sa guérisson, moi j'en avais aucun. Je connaissais bien mon frère, il allait se battre jusqu'au bout. Durant quatre ans, j'allais le voir à l'hôpital pratiquement tous les jours. Je lui racontais ma journée, je lui disais comment j'allais, je lui parlais de sa fille et de sa femme. Même s'il m'entendait sans doute jamais. C'était ma façon de lui montrer que je gardais espoir. Puis, j'avais besoin de lui parler, même s'il ne me répondait pas. J'ai également rendue visite à ma nièce, qui attendait toujours un donneur et à ma belle-soeur, lorsque cette dernière se trouvait à l'hôpital. Mais depuis que Alié à commencer à fréquenter un médecin, je l'évite. Je lui en veux d'avoir perdu espoir que Lou puisse se réveille. Je lui en veux d'avoir abandonnée mon frère, alors qu'il avait besoin d'elle plus que jamais.... jusqu'à ce que la mort vous sépare. Des belles paroles. Il n'est pas mort, à ce que je sache. D'un autre côté, Louka était dans cet état lamentable depuis tellement longtemps. C'est vrai qu'on peut finir par perdre espoir. Moi-même j'aurais pu ne plus y croire. Néanmoins, ce n'était pas une excuse pour tomber dans les bras d'un médecin, alors que Louka se trouve toujours dans le coma. Et pas n'importe quel médecin. Celui de mon frère, par-dessus le marché. Quoiqu'il en soit, je continue à veiller sur mon frère, en souhaitant toujours qu'il se réveille. Je ne l'abandonne pas, je sais qu'il aurait fait la même chose pour moi.